La double peine des pays les plus pauvres

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En ce 2e dimanche qui clôture l’Octave de Pâques, les lectures de la messe célèbrent la gloire de Dieu. Quant à l’évangile de Jean (20, 19-31), il nous invite à contempler, avec St Thomas, les plaies du Christ témoignant de son Amour Miséricordieux. N’a-t-il pas porté et pardonné chacun de nos péchés par sa mort et sa résurrection ! C’est le 30 Avril 2000, jour de la canonisation de Sœur Faustine à Rome, que le pape Jean-Paul II a institué la fête de la Divine Miséricorde. Ce choix a une profonde motivation théologique car la Passion, la Mort et la Résurrection du Christ nous révèle que la Rédemption est étroitement liée au mystère de l’amour de Dieu qui se manifeste dans ce mouvement perpétuel du renouvellement de l’alliance avec l’homme quand celui-ci se détourne de Lui.

La bible nous dit combien le Père est miséricordieux, bienveillant, patient : « …tu es le Dieu qui pardonne, tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour … » (Ne 9, 17) – « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Luc, 36) …. Basile de Césarée (IVe siècle), l’un des principaux Pères de l’Eglise a écrit : « Tu deviens à la ressemblance de Dieu en acquérant la bonté. Fais-toi un cœur de miséricorde et de bienveillance afin de revêtir le Christ ». Le pape François le rappelle constamment, la miséricorde est au cœur du message évangélique. Le souci de la bonté, de la charité doit être au centre de nos vies. Dans le « cœur » de Dieu, tous les humains constituent une seule et même famille.

Malgré le confinement et pour rester en lien, pour partager ensemble la parole de Dieu la méditer et prier, nous nous rendons chaque jour sur notre site Qahal, fraternité nouvelle. Les témoignages le montrent, ces deux rendez-vous hebdomadaires sont importants pour nous. Mais nous devons prendre garde à ne pas nous contenter de cette invitation journalière, à nous pas nous replier sur nous-mêmes. Nous devons rester attentifs à ce qui se passe autour de nous et dans le monde. Cette semaine, un prêtre Burkinabé a témoigné sur radio Notre-Dame des dures conditions de vie des habitants du Burkina Faso. L’épidémie du Covid 19 s’y propage rapidement et l’inquiétude monte dans cette région du monde qui doit faire face à une grave crise humanitaire et sécuritaire. Depuis 2015, près de 780 000 déplacés ont dû fuir leur foyer à cause des attaques terroristes. Ils vivent dans des camps sous des abris de fortune. La promiscuité, le manque d’hygiène, la malnutrition autant de facteurs favorisant la propagation du choléra, du paludisme… A cette liste vient maintenant s’ajouter celle du nouveau fléau mondial, le coronavirus.

Il est arrivé tardivement en Afrique, mais il progresse et le pic est loin d’être atteint. Ce mercredi 15, on comptait 16640 cas et 878 morts. Les mesures adoptées par certains pays ont coûté leur emploi à de nombreuses personnes qui ne peuvent plus subvenir à leurs besoins. Jakkie Cilliers, expert auprès de l’Institute for Security Studies appelle les Africains à élaborer leur « propre solution » pour vaincre le virus car fait-il remarquer : « Un confinement est impossible à mettre en œuvre et est intenable dans la plus grande partie de l’Afrique car vous condamnez les gens à choisir entre mourir de faim ou tomber malade. Dix personnes dans un abri en tôle ne peuvent pas rester trois semaines sans sortir dehors. ».

Avec la pandémie, nos frères de Guyane et de Mayotte connaissent eux aussi des conditions de vie difficile, beaucoup vivent dans des bidonvilles. Aude Trépont, coordinatrice générale de Médecins du monde en Guyane en témoigne : « Les gens ont faim, les enfants n’ont plus à manger. Beaucoup de gens subsistent grâce à l’économie informelle mais, avec le confinement, ils ne peuvent plus vivre de ces petits jobs, ni aller au marché. Les besoins d’aides alimentaires sont criants et en constante augmentation. Ces assistances risquent d’être bientôt insuffisantes ».

Demain, nous participerons par écran interposé, à la messe de ce Dimanche de la Miséricorde. Nous qui vivons un confinement plutôt « confortable » même si la routine s’installe, même si nos rencontres amicales et familiales nous manquent, prenons le temps de prier pour les trois milliards de personnes qui, dans le monde, ne possèdent même pas les « armes » nécessaire pour se protéger du Covid 19 : l’eau courante et le savon ! Ne l’oublions pas, la terre est notre maison commune. Alors laissons monter à nos lèvres cette prière : « Dieu notre Père, toi qui aimes tous les hommes et toi qui nous as donné ton fils pour nous sauver, tu connais l’immense et multiple détresse de certains de nos frères qui vivent dans une extrême misère. Bénis et protège ces pays. Laisse-nous devenir une part de toi pour compatir aux cris de nos frères et ouvrir nos yeux. Donne-nous d’accueillir notre identité de Fils de Dieu. Rends-nous dociles à l’Esprit de ton Fils et attentifs les uns aux autres, ici et ailleurs, dans la foi, l’espérance et la charité. – Amen ».

 

Georgette
Sources : Ouest France du 26-03-2020 – Rfi du 15-04-2020, modifié le 16-04-2020 – La Croix du 16-04-2020 – Le Monde Afrique du 16-04-2020
Photo : Pxhere – CCO Domaine public.

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