Homélie du 1er avril 2020

Publié le

Mercredi, 5e Semaine de Carême

 

 

Homélie du Père Alexandre de Bucy

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Je ne sais pas pour vous, mais moi pendant ce temps de confinement, je rêve de sortir, de bouger, de m’évader des quatre murs où je me sens comme prisonnier. Et pourtant, l’évangile aujourd’hui nous invite à « demeurer ». « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples » (Jn 8, 31). « Demeurer », c’est un verbe très fréquent dans le quatrième évangile, il revient plus de 40 fois. « Demeurez en moi », dit Jésus à ses disciples le soir de son dernier repas, « comme moi je demeure en vous » (Jn 15, 4), « demeurez dans mon amour » (Jn 15, 9).

Demeurer… Cette invitation qui est au cœur de l’évangile n’est pourtant pas à la mode aujourd’hui, à une époque où on est sans cesse sollicité à changer, à bouger, à se déplacer, et où ce mouvement devient souvent le signe qu’on est vivant. C’est vrai, l’existence est faite de mouvements, d’étapes, de nouveautés, mais elle ne peut recevoir son élan vital que parce qu’elle a trouvé son lieu intérieur de stabilité, de croissance et d’être.

Nombreuses sont les harmoniques spirituelles que le verbe « demeurer » peut évoquer pour nous.

Demeurer, c’est d’abord habiter sa vie, la nôtre, celle d’aujourd’hui, pas celle d’hier, ou de demain, ou celle que nous rêvons, ou celle que nous envions chez les autres.

Demeurer, cela peut être aussi avoir trouvé sa demeure, celui et celle avec qui construire cette demeure, son foyer. Là où il fait bon être, là où on se sent chez soi, on se sait reconnu. On peut y poser son sac, parfois lourd, se reposer, ne plus être tenu aux apparences fatigantes, ne pas craindre d’évoquer souvenirs et histoires, même celles blessées. Prenons le temps de faire de ce temps l’occasion de vrais échanges entre nous, en profondeur.

Demeurer, c’est encore avoir trouvé un vrai lieu de ressourcement, même chez soi, dans son jardin, sur le perron de sa maison inondé par le soleil, ou encore dans sa chambre, « quand tu veux prier, ferme la porte de ta chambre, et prie le Père dans le secret » (Mt 6, 6).

Demeurer dans sa Parole, ce n’est pas seulement lire la Bible, mais c’est la visiter dans tous ses recoins, dans les détails qui nous échappait quand nous étions pressés, c’est habiter cette Parole, qui devient non plus seulement une histoire ancienne, mais notre propre histoire.

Demeurer, c’est avoir découvert le lieu où l’on peut être dans la vérité. Le lieu de la parole et du silence, le lieu où l’on reçoit et où l’on donne, le lieu de notre croissance, le lieu où l’on peut naître à plus grand que soi.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (8, 31-42)

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En ce temps-là,
    Jésus disait à ceux des Juifs qui croyaient en lui :
« Si vous demeurez fidèles à ma parole,
vous êtes vraiment mes disciples ;
    alors vous connaîtrez la vérité,
et la vérité vous rendra libres. »
Ils lui répliquèrent :
« Nous sommes la descendance d’Abraham,
et nous n’avons jamais été les esclaves de personne.
Comment peux-tu dire :
“Vous deviendrez libres” ? »
Jésus leur répondit :
« Amen, amen, je vous le dis :
qui commet le péché
est esclave du péché.
L’esclave ne demeure pas pour toujours dans la maison ;
le fils, lui, y demeure pour toujours.
Si donc le Fils vous rend libres,
réellement vous serez libres.
Je sais bien que vous êtes la descendance d’Abraham,
et pourtant vous cherchez à me tuer,
parce que ma parole ne trouve pas sa place en vous.
Je dis ce que moi, j’ai vu
auprès de mon Père,
et vous aussi, vous faites ce que vous avez entendu
chez votre père. »
Ils lui répliquèrent :
« Notre père, c’est Abraham. »
Jésus leur dit :
« Si vous étiez les enfants d’Abraham,
vous feriez les œuvres d’Abraham.
Mais maintenant, vous cherchez à me tuer,
moi, un homme qui vous ai dit la vérité
que j’ai entendue de Dieu.
Cela, Abraham ne l’a pas fait.
Vous, vous faites les œuvres de votre père. »
Ils lui dirent :
« Nous ne sommes pas nés de la prostitution !
Nous n’avons qu’un seul Père : c’est Dieu. »
Jésus leur dit :
« Si Dieu était votre Père,
vous m’aimeriez,
car moi, c’est de Dieu que je suis sorti
et que je viens.
Je ne suis pas venu de moi-même ;
c’est lui qui m’a envoyé. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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