Méditation du 27 mars (Ex 20, 1)

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« Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage… »
(Ex 20, 1. Cliquez ici pour accéder au texte intégral)

 

Méditation du père Edouard George

Parce que nous sommes privés ces jours-ci de la liberté dont nous jouissons habituellement, parce que nous nous retrouvons confits comme des canards dans nos maisons, parce que nos pas sont comptés comme ceux de prisonniers en quartier de haute sécurité, parce que le nombre de nos relations est limité comme celui de malades ultra-contagieux, nous nous interrogeons immanquablement, plus ou moins explicitement : avec toutes ces contraintes imposées à nos mouvements et à nos échanges, avons-nous perdu toute forme de liberté ? Et qu’est-ce qu’être libre, au bout du compte ?

Le Livre de l’Exode décrit le passage d’un peuple de l’esclavage de l’Egypte à la liberté de la Terre Promise. C’est cette expérience que nous faisons en ce moment, comme fraternité nouvelle, Qahal.

Tout commence par une libération : la libération d’Egypte, le passage de la Mer Rouge. Mais cette libération n’est pas la vraie liberté. Il faut encore le passage par le désert, cet apprentissage lent et patient de la liberté véritable. Les Hébreux ne comprennent pas tout de suite la puissance de la libération opérée par Dieu. Ils la découvrent peu à peu. Ils apprennent à devenir un peuple libre.

Dans le désert, lieu de confinement par excellence, lieu de solitude et d’aridité décapante, dans la longue retraite du désert, le peuple convoqué par Dieu, Qahal, a le temps, et plus que le temps, de méditer malgré lui sur cet écart entre la libération initiale, qu’il a reçue de Dieu en passant la Mer Rouge, et la liberté finale des enfants de Dieu, à laquelle il aspire en dirigeant ses pas vers la Terre de Canaan.

Aujourd’hui, au début du chapitre 20 du Livre de l’Exode, le Seigneur, qui guide son peuple à travers le désert, introduit ainsi les 10 Paroles qu’il prononce sur le Mont Sinaï : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage… »

Trois mois après le passage de la Mer Rouge, juste avant de donner les 10 commandements, Dieu fait référence à l’événement inaugural de la libération d’Egypte. Le rappel des bienfaits de Dieu donne sens aux exigences de la Loi, qui suivront.

L’alliance, la pleine communion de Dieu avec son peuple, voilà ce que visait la sortie d’Egypte et la marche au désert. Le peuple, qui servait les Egyptiens dans l’esclavage, doit apprendre à servir Dieu dans la liberté, à passer de la servitude de Pharaon au service d’un Dieu qui libère. Respecter les 10 paroles données par Dieu, obéir à la Loi, ce sera pour le peuple une manière d’entrer dans l’Alliance, de répondre par une belle vie au don gratuit de Dieu, qui est toujours premier.

Engagés nous aussi dans cette marche au désert, nous pouvons méditer en relisant les 10 commandements donnés par Dieu (Ex 20) et en méditant la parole de Paul aux Galates, qui lui fait écho : « Si le Christ nous a libérés, c’est pour que nous soyons vraiment libres. » (Ga 5,1)

Nous pouvons nous interroger selon deux axes, en regardant en arrière et en regardant en avant :

Commençons par regarder en arrière : de quel esclavage, de quel Pharaon, de quelle Egypte le Seigneur nous a-t-il libérés, en nous faisant entrer au désert du confinement ? Sans la prise de conscience de cette libération initiale, du don qui nous a d’abord été fait, il nous sera difficile d’avancer sur le chemin de la vraie liberté. Une des racines spirituelles de la crise actuelle, qui n’est pas que sanitaire, c’est l’individualisme de nos sociétés : un égoïsme généralisé, une indifférence mondialisée, qui ont conduit à la destruction de la planète, comme à la redoutable propagation du virus. Le passage par le désert du confinement a peut-être commencé avec la libération de cet esclavage.

Regardons vers l’avant, maintenant : à quelle liberté nouvelle le Seigneur nous éduque-t-il ces jours-ci ? Pour découvrir cette liberté nouvelle, qu’aucun confinement ne peut restreindre, nous pouvons lire avec soin les 10 Paroles données par Dieu, qui nous parlent de l’amour de Dieu et du prochain, essence de toute la Loi. Car être libre, c’est aimer : « Aimer Dieu de tout son cœur, et son prochain comme soi-même », dira Jésus pour résumer la Loi. Être libre, ce n’est pas simplement pouvoir faire tout ce que l’on veut quand on veut, à tout moment : de cela, le peuple d’Israël aura parfois la nostalgie, dans le désert, en repensant à l’Egypte d’où il vient, mais en oubliant qu’il était alors esclave, esclave d’un monde sans Dieu, centré sur soi. Voulons-nous être pleinement libres, de cette liberté intérieure qui ne dépend pas des conditions extérieures, même les plus dramatiquement confinées ? Aimons ! Aimons de tout notre cœur, en suivant les 10 Paroles de vie que Dieu nous offre aujourd’hui pour nous éduquer à la liberté véritable, une liberté encore insoupçonnée.

Père Edouard George

Source : Cavalier d’Arpino, Moïse tenant les Tables de la Loi, 1580, Pierre noire et sanguine, Palais des beaux-arts de Lille, source commons.wikimedia.org

 

Livre de l’Exode chapitre 20

01 Alors Dieu prononça toutes les paroles que voici :
02 « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage.
03 Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi.
04 Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre.
05 Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, pour leur rendre un culte. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux : chez ceux qui me haïssent, je punis la faute des pères sur les fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération ;
06 mais ceux qui m’aiment et observent mes commandements, je leur montre ma fidélité jusqu’à la millième génération.
07 Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque en vain son nom.
08 Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier.
09 Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ;
10 mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’immigré qui est dans ta ville.
11 Car en six jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.
12 Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu.
13 Tu ne commettras pas de meurtre.
14 Tu ne commettras pas d’adultère.
15 Tu ne commettras pas de vol.
16 Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.
17 Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »
18 Tout le peuple voyait les éclairs, les coups de tonnerre, la sonnerie du cor et la montagne fumante. Le peuple voyait : ils frémirent et se tinrent à distance.
19 Ils dirent à Moïse : « Toi, parle-nous, et nous écouterons ; mais que Dieu ne nous parle pas, car ce serait notre mort. »
20 Moïse répondit au peuple : « N’ayez pas peur. Dieu est venu pour vous mettre à l’épreuve, pour que vous soyez saisis de crainte en face de lui, et que vous ne péchiez pas. »
21 Le peuple se tint à distance, mais Moïse s’approcha de la nuée obscure où Dieu était.
22 Le Seigneur dit à Moïse : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : “Vous avez vu que je vous ai parlé du haut des cieux.
23 Vous ne ferez pas, à côté de moi, des dieux d’argent ou d’or ; vous n’en ferez pas pour moi.
24 Tu me feras un autel de terre pour offrir tes holocaustes et tes sacrifices de paix, ton petit et ton gros bétail ; en tout lieu où je ferai rappeler mon nom, je viendrai vers toi et je te bénirai.
25 Mais si tu me fais un autel de pierres, tu ne le bâtiras pas en pierres de taille car, en y passant ton ciseau, tu les profanerais.
26 Et tu ne monteras pas à mon autel par des marches, afin que ta nudité n’y soit pas découverte.” »

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