Homélie du 4ème dimanche de l’Avent

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Joseph et la coopération à l’œuvre du salut

 

Regardons la manière dont Joseph coopère à l’œuvre de Dieu :

–      Il prend une décision à l’intérieur de lui.

–      Il laisse passer (au moins) une nuit.

–      Après le songe avec l’ange, il est prêt à changer de projet, il agit avec audace.

 

1/ La capacité de décider

On ne connait pas les raisons de la décision de Joseph, mais seulement sa situation : sa femme Marie est enceinte, et cet enfant n’est pas de lui ! Choisir de ne pas la dénoncer publiquement, la répudier en secret, est clairement une manière de la protéger (conter la dureté d’une application littérale de la Loi qui aurait gravement porté atteinte à Marie).

On ne sait pas tout ce qui l’habite, le temps qu’il a pris pour sa délibération, ses hésitations, ses prières, etc… On sait juste qu’il a pris une décision. Il n’est pas resté dans l’hésitation permanente, le manque de décision, il a fini par prendre une décision (d’ailleurs, dans son cas, ne pas décider aurait été une décision de toute façon).

La fin de l’histoire montre que c’est vraiment quelqu’un qui est capable de s’engager.

 

2/ La capacité de ne pas se précipiter

L’attente de Joseph avant d’agir, une fois sa décision prise. Il attend : il n’exécute pas sa décision tout de suite. Il ne se précipite pas…

Cf. les jésuites et la manière de décider selon la volonté de Dieu :

–      Prendre une décision, vraiment, à l’intérieur de soi.

–      Et laisser du temps pour que cette décision se vérifie. Ne pas la mettre tout de suite en pratique. Vivre avec pendant un certain temps et voir ce qu’elle engendre : paix ? trouble ?

–      Dieu a alors l’espace pour intervenir, à travers des rencontres, des paroles, des sentiments, des événements nouveaux.

= c’est une manière d’être vraiment disponible à la volonté de Dieu : Dieu peut parler par rapport à une décision que l’on a prise, après délibération, quand on s’est déjà engagé intérieurement et que l’on se projette dans telle situation.

Ne pas réagir à chaud, ne pas se précipiter. Nous ne sommes pas que des êtres d’affectivité, mais des êtres de raison, qui ont besoin de temps.

Ainsi, au Séminaire, on nous conseillait : si vous devez parler à quelqu’un d’une chose importante ; il est préférable de laisser passer « une nuit et une messe ».

 

3/ La capacité de changer ses plans

L’histoire de Joseph est déconcertante… Il est « juste », c’est-à-dire ajusté à la volonté de Dieu. Mais être saint n’implique pas l’absence de trouble, de difficulté à comprendre. En un certain sens, au début, Joseph « se trompe » apparemment. Mais au bout du compte, en étant capable de changer ses plans, il est vraiment un « collaborateur » de Dieu.

Joseph n’est pas inerte (il agit, il ne reste pas inactif) ni trop interventionniste (il a laissé à Dieu le temps de changer son projet à lui). Il est à la fois actif et passif. Il n’attend pas que Dieu fasse tout tout seul : il avait pris une décision et s’apprêtait à l’appliquer. Mais il ne fait pas tout sans Dieu : il accueille la volonté de Dieu quand elle se manifeste et accepte de faire autrement que ce qu’il avait prévu.

L’amour exige que l’on s’engage, que l’on prenne des risques (on a parfois une vision trop passive de l’action de Dieu en nous ; on ne peut pas rester comme une plante verte, dans la pure passivité). Et en même temps, il faut une certaine disponibilité à ce que Dieu veut faire de nouveau, d’inouï, de surprenant, d’inattendu (on ne peut pas tout calculer, tout prévoir, tout anticiper, tout maîtriser).

Joseph est donc un parfait modèle d’équilibre pour nous : homme actif, mais pas précipité ; homme prudent et audacieux à la fois. Il a le droit de se tromper. Il ne sait pas tout ce que Dieu va lui demander, mais il est toujours ouvert à ses appels.

 

Père Edouard George

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