Homélie du samedi 16 novembre à St Gratien

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« Comment ne pas s’effondrer face à l’effondrement ? » titrait récemment un journal.

 

De plus en plus de nos contemporains, jeunes ou moins jeunes, sont terrifiées par les perspectives alarmantes du réchauffement climatique et de la destruction de la biodiversité. Cette angoisse climatique (ou « éco-anxiété », comme on la nomme désormais) devient un phénomène de société. L’homme, espèce nuisible, serait en train de conduire la planète, et lui avec, à la catastrophe. Une doctrine spécifique, qui parle de l’effondrement de notre civilisation industrielle mondialisée, a même vu le jour et fait de nombreux adeptes : la « collapsologie ».

 

⇒ Comme chrétiens, comment traverser tout cela ? Comment habiter cette période d’angoisse climatique ?

 

Face à la complexité du contexte, se dire que tout repose sur nos épaules est terriblement anxiogène.Il faut demander à la Parole de Dieu de nous venir en aide !

 

La Parole de Dieu, même dans ses pages les plus terribles, comme dans le texte d’Evangile de ce jour, dont on ne sait pas bien s’il parle de la fin du monde ou s’il décrit le monde tel que nous l’expérimentons aujourd’hui (« Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » ; « vous entendrez parler de guerres et de désordres » ; « il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel. »), la Parole de Dieu, donc, malgré toute la lucidité qu’elle exprime face aux dangers réels et aux multiples défis à affronter, n’entretient jamais la désespérance ambiante : au contraire, elle apporte une espérance emplie de sérénité (« Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. »)

 

La Parole de Dieu cultive un rapport à la fois réaliste et joyeux à la nature (cf. Psaume 97 : « Que résonnent la mer et sa richesse, le monde et tous ses habitants ; que les fleuves battent des mains, que les montagnes chantent leur joie. ») La Parole de Dieu fait sortir des pensées binaires et simplistes, qui sont violentes ; elle dévoile une réalité plus nuancée.

 

La Parole de Dieu invite également à l’action : c’est à nous de rendre présent le salut que le Christ nous a donné. Ce salut vient de lui, le Christ, en premier lieu. Mais nous pouvons croire fermement que l’humanité a la capacité de changer le cours des choses, de bouleverser sa manière de vivre, parce que le Seigneur œuvre en elle, avec elle. Être à l’écoute du Seigneur, se confier à Son Esprit : c’est de Lui que viendra notre force dans l’action.

 

En définitive, Jésus oppose dans l’Evangile deux attitudes : la préoccupation (« Mettez-vous dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. » = la défense de notre planète, la défense d’une humanité prise au piège de sa propre démesure) et la persévérance dans la foi (« C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. » = notre vie humaine, appelée à s’accomplir au-delà de l’horizon de ce monde terrestre).

 

La préoccupation est une forme de peur, qui peut conduire à la paralysie et au désespoir ; mais aussi à la violence et à la radicalisation. Parce que celui qui est préoccupé ne voit plus rien d’autre que ce qui l’obnubile et le terrifie. Il ne voit plus le reste, il ne voit plus les signes d’espérance autour de lui, qui sont ténus, mais bien réels.

 

La persévérance dans la foi n’est pas une fuite hors d’une réalité qui serait trop brutale, mais une manière de traverser cette réalité, dans la confiance, à l’écoute de la Parole de Dieu qui donne une espérance, avec des frères et sœurs qui œuvre humblement dans la grâce du Christ.

 

Un remède pour passer de la préoccupation à la persévérance : prier et méditer souvent les Psaumes. Ils sont un véritable remède contre la désespérance ambiante. Le psalmiste affronte les drames de l’existence et n’a pas peur de les regarder en face, parce qu’il tient fermement la main du Seigneur.

 

Psaume 30 :

En toi, Seigneur, j’ai mon refuge.

Sois le rocher qui m’abrite, la maison fortifiée qui me sauve.

Ma forteresse et mon roc, c’est toi : pour l’honneur de ton nom, tu me guides et me conduis.

En tes mains je remets mon esprit.

Ton amour me fait danser de joie : tu vois ma misère et tu sais ma détresse.

Tu ne m’as pas livré aux mains de l’ennemi ; devant moi, tu as ouvert un passage.

 

Père Edouard George

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