On n’enchaîne pas la parole de Dieu ! (2Tm 8-13)

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Entre la première et la deuxième épître à Timothée, nous ne savons pas combien d’années se sont écoulées. Toutefois, cette période est suffisamment longue pour que Saint Paul constate que l’Eglise est en déclin et que les fondements de la foi sont en danger. Dans le passage lu aujourd’hui, nous savons qu’il est emprisonné à cause de ses convictions. Mais il sait, pour l’avoir expérimenté, que le Christ est ressuscité et que, par cette résurrection, la face du monde est changée puisque Jésus, vainqueur de la mort l’est également des forces du mal. Il fait ici appel à la fidélité individuelle des disciples du Christ dans ce monde nouveau déjà né. Ce qu’il leur demande, c’est d’être des missionnaires par l’exemple de leur vie, par leurs paroles et de garder intact le cœur même de leur foi. *

 

En  ce mois d’octobre, le Pape François vient de lancer un appel. Il nous invite à donner un nouvel élan à l’activité missionnaire de l’Eglise. Or beaucoup de croyants pensent que ce travail d’évangélisation revient aux prêtres. Ils ont l’impression qu’ils ne sont pas capables d’évangéliser ou se demandent en quoi cela consiste exactement pour eux.

 

Le père Christoph Theobald, jésuite et théologien, auteur de Urgences pastorales, comprendre, partager, réformer (Bayard) a répondu à ces questions dans l’émission « Mille questions à la foi » sur Radio Notre-Dame du 11-01-2018. Pour lui, être missionnaire, c’est avant tout vivre une expérience de Dieu qui fait que, comme pour St Paul, évangéliser devient une nécessité : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile ! »( 1 Co 9, 16). Il souligne qu’il ne s’agit de donner la priorité aux moyens de communication mais, en premier lieu, de comprendre que tout notre environnement est terrain missionnaire. Pour chacun de nous, ce qui est primordial, c’est faire l’expérience spirituelle qui change le regard sur l’autre et la manière de le rencontrer. A celui qui est éloigné de l’Eglise, il ne faut pas chercher à imposer notre propre foi ; il est nécessaire, avant tout, d’entrer en conversation sur nos lieux de vie ( à la cantine, à la sortie de l’école, celle du club de sport, dans notre voisinage …) ; il faut qu’il sente que je suis là devant lui, pour lui, de manière gratuite.

 

Pour le père Christoph Teobald, être missionnaire, c’est entrer en relation dans tous les lieux où la mission se joue et le faire avec notre « expérience » de Dieu et du Christ. C’est avoir une oreille qui commence par entendre ce que l’autre a besoin d’entendre. Ce doit être une exigence pour nos communautés. Elles ont besoin d’être éduquer pour s’ouvrir au « tout autre » et apprendre à devenir hospitalières … **

 

Madeleine Delbrêl a écrit : « …Nous sommes insérés dans la perpétuelle Mission de l’Eglise. Nous sommes le petit doigt d’un immense corps en marche dans l’espace et le temps… L’Eglise est comme l’animal symbolique d’Ezéchiel. Elle court dans une tornade de feu. Que nous le voulions ou non, nous habitons en elle, cette tornade. Le vent qui souffle là, emporte l’Eglise vers ce qui n’est pas l’Eglise… Mais « l’éternel Missionnaire » qu’est le Saint-Esprit chemine au milieu de nous. Dans cette cale encombrée d’infirmes, il révèle le mouvement essentiel de l’Eglise. Dans notre temps, il chemine et souffle aux cœurs l’espérance d’un salut universel. »

 

Forts de cette assurance, prions-le sans relâche, en n’oubliant pas qu’être missionnaire : « C’est faire cause commune avec l’Eglise, pour que, en nous, elle atteigne les extrémités de la terre ». Demandons lui de nous en donner la force et de trouver les mots justes qui toucheront les coeurs. Madeleine nous le rappelle : « Le missionnaire est quelqu’un qui prie, quelqu’un qui témoigne, quelqu’un qui aime. ***

 

Georgette

Sources * Bibiquest – ** Croire-La Croix – Janvier 2018 – *** Madeleine Delbrêl (Missionnaires sans bateaux)

 

 

 

 

 

 

 

 

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