Homélie du 24ème dimanche du temps ordinaire (année C)

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Je vous propose ce dimanche de nous arrêter sur le Psaume 51, le plus célèbre des psaumes de repentance, qui a aussi inspiré de nombreux airs de musique.

Les circonstances de l’écriture de cette prière sont bien connues : David est allé vers Bethsabée, la femme de son fidèle général Urie, et pour cacher sa faute, il a donné l’ordre de supprimer Urie. Quand David, poussé par le prophète Nathan, prend conscience de sa faute, il crie sa douleur d’être pécheur et appelle l’aide de Dieu.« Fais-moi grâce, ô Dieu, selon ta fidélité, selon ta grande miséricorde… »

La première chose que nous apprend ce psaume, c’est qu’il n’y a rien à craindre de Dieu, mais tout à espérer. David avait fait des choses horribles, il en prend conscience et dans la prière se précipite vers Dieu comme un enfant se jette dans les bras de sa maman pour lui demander son aide. Ce psaume nous permet de saisir l’attitude de Dieu face à l’homme. En une phrase, David nous permet de découvrir l’incroyable bienveillance de Dieu, même pour un criminel comme lui. David nous révèle 3 facettes de Dieu, sur lesquelles il construit sa confiance en Dieu.

1èrefacette : David a d’abord confiance dans la grâce de Dieu : « Fais-moi grâce, ô Dieu… »

David présente Dieu comme un roi qui a le pouvoir de libérer n’importe quel criminel quand il le veut, comme le président de la République encore aujourd’hui chez nous avec la grâce présidentielle. Cette grâce est imméritée. Mais David sait que Dieu aime à faire grâce, il espère cette grâce.

C’est bien de la part de David de compter sur la grâce de Dieu, car son époque avait encore une grande crainte de Dieu, on pensait que s’il pouvait faire grâce, il pouvait aussi abandonner et punir le coupable. Avec Jésus, nous savons que nous pouvons compter sur sa grâce comme sur le rocher le plus solide.

2èmefacette : David a ensuite confiance dansla fidélité de Dieu : « Fais-moi grâce, ô Dieu, selon tafidélité… »

David n’argumente pas en mettant en valeur tout ce qu’il a fait de bien, ce qu’il pourrait faire car il n’a pas commis que des crimes. David fait plutôt appel à la fidélité de Dieu. C’est très juste et c’est rassurant pour nous, car comment être sûr que nos bonnes actions suffissent à rattraper le mal que nous avons fait ? David, lui, compte sur le pardon de Dieu car il sait que Dieu est fidèle, lui. Dieu a promis de bénir, il bénira. Dieu a promis d’aimer le moindre d’entre nous, il aimera.

3èmefacette : David a enfin confiance dans la miséricorde de Dieu : « Fais-moi grâce, ô Dieu, selon ta fidélité, selon ta grande miséricorde. » Et David insiste en qualifiant de « grande » la miséricorde de Dieu.

Ce que l’on traduit par miséricorde dans nos Bibles est tout simplement la tendresse maternelle. Cela existe bel et bien, et ce lien est parmi les plus forts qui existent. Pourquoi Dieu qui a rendu possible un tel sentiment ne pourrait offrir lui-même une tendresse encore plus parfaite ?

Voilà la 3e, la « grande » raison de notre confiance en Dieu, c’est qu’il est comme une maman qui aime tendrement ce petit que nous sommes. Nous n’avons rien à craindre de lui, nous avons même encore et toujours la vie à recevoir de Dieu.

On a l’impression de voir David avancer dans une proximité de plus en plus grande avec Dieu. Il se présente d’abord de loin comme devant un bon roi, puis il s’avance comme devant un honnête homme qui a donné sa parole, et enfin David se jette dans les bras d’un Dieu qui est comme sa maman pleine de tendresse.

David avance ainsi dans sa confiance en Dieu, mais surtout c’est Dieu qui prend l’initiative. D’abord Dieu envoie le prophète Nathan à David pour l’aider à ouvrir ses yeux sur le mal qu’il a commis. Puis c’est Dieu qui descend de son trône pour s’avancer vers David d’abord comme un roi, puis comme un partenaire fidèle, enfin avec cette grande tendresse qui rappelle celle d’une maman pour son petit. Dieu descend, Dieu se fait toujours plus proche de nous, Dieu nous cherche comme le montrent les paraboles évangéliques de ce jour. Cette « descente » ressentie par David se retrouve manifestée pleinement en Jésus-Christ. Notre image de Dieu évolue, d’un Dieu-roi-terrible, à un Dieu-ami-fidèle, puis à notre Dieu-tendre-maman. Dieu se fait proche tout en restant le roi des rois.

Au lieu d’être culpabilisé et écrasé, David reçoit de Dieu un nouveau soufflequi lui permet d’être encore meilleur. Il se présente comme un coupable et voilà qu’il est accueilli comme un égal, puis comme un enfant bien-aimé.

La religion a été parfois source de culpabilité et d’écrasement, mais cela n’est pas fidèle au message biblique. Le premier bénéfice que nous pouvons retirer de ce psaume 51 est d’intégrer cette nouvelle conception de Dieu proposée par la Bible. Celle d’un Dieu dont nous n’avons rien à craindre mais tellement à recevoir. C’est cela qui peut rendre possible de reconnaître ses propres fautes, de les confesser devant Dieu dans le sacrement du pardon, non pas pour culpabiliser, mais au contraire pour faire face, les dépasser, grandir enfin, cicatriser, et réparer.

Quand David prend conscience de ses fautes, il en ressent une peine immense, et il se présente devant son Dieu pour lui demander : « Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense ».

Effectivement nos fautes salissentle monde qui nous entoure, avec des conséquences difficiles à réparer. Ces dernières années, nous prenons conscience que l’égoïsme de l’homme dégrade notre maison commune, et nos relations fraternelles. Nos fautes nous salissent aussi, l’image que nous avons de nous-mêmes. David demande à Dieu de le purifier de son péché, pas seulement extérieurement, mais aussi intérieurement, profondément, totalement.

Peut-on aller plus loin encore dans notre demande à Dieu ? Oui. David nous montre que l’on peut attendre encore plus de Dieu. Dieu n’est pas qu’un pompier et un médecin, il est le créateur. David le sait : « Ô Dieu, crée en moi un cœur pur, Renouvelle en moi un Esprit».

David constate qu’il demeure une part de chaos dans son être, quelque chose de douloureux et de mouvant. Il se reconnaît comme étant à moitié créé seulement.

Nous sommes ainsi faits que nous naissons et demeurons toujours plus ou moins inachevés. C’est une source de peines, certainement, mais cela ouvre des perspectives d’une incroyable richesse. Il n’en est pas de même pour les autres êtres, vous pouvez regarder de près n’importe quel coquelicot dans un champ, vous remarquerez qu’il est un parfait spécimen de coquelicot. Pour l’être humain, c’est plus complexe, nous restons loin d’être pleinement accomplis. Nous avons toujours devant nous une multiplicité de pistes possibles, de choix possibles et de développement possible.

Notre mère a accouché de notre corps et nous nous sommes développés ensuite, un peu grâce à nous-mêmes mais aussi grâce à tout ce que nous avons reçu de ceux qui nous entourent. Dieu est comme une mère qui peut nous accoucher d’une dimension supérieure que nul ne pourrait créer par ses propres forces.

Ô Dieu, tu es, de génération en génération, source de grâce, de fidélité et de grande tendresse. Purifie-nous de ces désordres qui nous accablent. Crée en nous un cœur de chair, Donne-nous ton Esprit plein de tendresse et de force. Donne-nous la joie de nous sentir ton enfant chéri.

Amen

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