Comment certains d’entre vous peuvent-ils affirmer qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? – 1 Co 15, 12.16-20)

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Au cours de son second voyage missionnaire (environ 51-54 après J.C.) Paul se rend pour la première fois à Corinthe. Cette grande ville portuaire et marchande, centre d’affaires, de culture et de philosophie, était aussi celle des plaisirs, de l’idolâtrie et de la corruption. Paul y restera 18 mois pour selon son habitude y annoncer l’évangile et ce qui est au coeur de la foi chrétienne : la résurrection.

De part son origine, en majorité païenne mais aussi par un contact permanent avec les cultures étrangères, la communauté de Corinthe, composée de Grecs et de Juifs, était doublement exposée aux influences étrangères. Dans ce passage de la 2eme lecture, Paul, insiste donc,  sur la Résurrection des corps. En effet, les Corinthiens, à cause de la conception de la personne humaine des hellénistes,  même s’ils admettent celle du Christ, avaient du mal à croire que, eux aussi, ressusciteront. *

La Résurrection chez les Juifs

Les Juifs, quant à eux, avaient une vision unifiée de l’homme. Aussi, quand ils affirment que « les morts ressuscitent », ils le font au non de leur foi en la toute-puissance de Dieu aux portes du shéol (dans les Ecritures Hébraïques ce terme désigne le séjour des morts).

C’est d’ailleurs ce que le psalmiste assure  « Les ténèbres m’écrasent !  mais la nuit devient lumière autour de moi » –  «Même la ténèbre pour Toi n’est pas ténèbre, et la nuit comme le jour est lumière ! » (Ps 138, 11-12). Il en a la certitude, Dieu n’abandonne pas ses fidèles, même dans la mort.

Pour les grecs, l’Hadès est un lieu où Dieu est présent

Le Nouveau Testament, quant à lui, utilise le mot grec « Hadès » qui lui aussi y fait référence. Pour les grecs, l’univers se compose de la voûte céleste (la partie supérieure), de la terre (au milieu) et du shéol qui en constitue la partie inférieure. Ce lieu se caractérise par le manque de lumière, par la présence de la nuit éternelle.

Shéol/Hadès est donc un lieu de silence et de ténèbres mais dans lequel Dieu est néanmoins présent : « Je gravis les cieux : tu es là ; je descends chez les morts : te voici. »(Ps 138, 8).

Une porte qui s’ouvre sur un devenir

En bon pharisien, Paul croit à Résurrection des morts. C’est ce que qu’il affirme dans  les actes des apôtres : « … Frères, moi, je suis pharisien, fils de pharisiens. C’est à cause de notre espérance, la résurrection des morts, que je passe en jugement »] (Ac 23, 6).

En raison de leur foi au Christ ressuscité, il désire donc amener les croyants de Corinthe à adhérer totalement à cette vérité puisque leur propre résurrection (anastasis en grec = se lever, relèvement) en découle.

Cette adhésion à la résurrection doit être le point de départ et le cœur de leur foi puisque la résurrection du Christ est celle de la victoire de l’Homme sur la mort. Désormais, elle n’est plus un mur infranchissable mais une porte qui s’ouvre sur un ailleurs, sur un devenir ! **

Croire à la résurrection de la chair et à la vie éternelle

Bien que nous professions notre foi au moment de la célébration des baptêmes : « Croyez-vous en l’Esprit Saint…, à la communion des saints…, à la résurrection de la chair et à la vie éternelle »(Rituel du baptême),  un sondage révèle cependant que beaucoup de « catholiques » ne croient pas à cette affirmation. Pourtant, nous le proclamons dans le credo : « J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir »(profession de foi de Nicée Constantinople).

La résurrection, un mystère

Certes, il faut bien l’admettre, cette vie éternelle que Dieu désire partager et apprendre à l’humanité demeure un mystère (du grec musterion, dérivé de muein « être fermé »). Bien qu’elle nous soit révélée, cette « énigme » n’est pas encore comprise dans sa totalité par l’Homme car notre connaissance n’est encore que partielle.

Dans le chapitre que nous étudions aujourd’hui, c’est d’ailleurs ce que souligne Paul  : « C’est un mystère que je vous annonce … » (1 Co 15, 51). En bon pédagogue, il tient donc compte des objections que pourrait émettre son auditoire : [ Mais quelqu’un pourrait dire : « Comment les morts ressuscitent-ils ? Avec quelle sorte de corps reviennent-ils ? » (1 Co 15, 35-36). Alors,  pour y répondre, il prend l’image de la semence. Toutefois, comment y croire, comment savoir à l’avance ce qu’elle donnera ?. Cette histoire réelle peut aider à mieux surmonter nos doutes.

L’image de la semence

Un souvenir d’enfance me revient. Au cours d’un séjour avec mes grands-parents, c’est en cachette que j’enterrais un noyau de pêche sur le bord d’un talus (un endroit bien peu adapté) avec le secret espoir qu’il deviendrait un arbre. Cependant, la fillette que j’étais avait conscience qu’il serait peu probable qu’il donne un jour des fruits.

Néanmoins, c’était une sorte de rêve qui, bien que me semblant irréalisable, était un désir profondément ancré en moi.

Or, à la surprise de tous, le noyau donna naissance à une petite plante, puis un jeune arbre et enfin un pêcher qui produisit, de belles pêches !

Cet exemple montre bien que la résurrection est en quelque sorte une métamorphose.

Une transformation s’opère dans la résurrection

Les traductions de la Bible Bayard des versets 42-46, insistent sur la transformation qui s’opère dans la résurrection : Semé pour pourrir, relevé imputrescible – Semé faible, relevé fort – Semé corps animé, relevé corps inspiré – Comme il y a un corps animé, il y a un corps inspiré –

Il est écrit : « le premier être humain Adam devint un être animé  et le dernier Adam, souffle qui donne la vie » ; non pas d’abord l’inspiré, mais d’abord l’animé et puis l’inspiré.

Paul ne fait jamais allusion à la seule immortalité de l’âme puisque, pour les Juifs, elle est indissociable du « corps animé », c’est-à-dire de la chair avec laquelle elle est unie.

Lorsque la Bible parle de l’Homme, elle nous parle du tout qu’il forme (chair, âme, esprit et coeur) car, selon la Genèse, il fut fait « âme vivante, être animé d’une haleine de vie ». Or, l’âme n’a pas d’existence sans le corps.

La chair, l’âme, l’esprit et le coeur

La chair : Paul emploie donc des termes imagés pour nous faire comprendre la résurrection : la chair (basar en hébreu) =  la personne humaine dans sa totalité, son unité en relation avec les autres et sa condition de mortel : « Toute chair est comme l’herbe… l’herbe se dessèche » (Is 40, 6-7). C’est aussi l’Homme dans sa fragilité de pécheur : « Jusqu’à toi vient toute chair avec son poids de péché ; nos fautes ont dominé sur nous »(Ps 64 (65) 3-4) –

L’âme (nephesh) exprime la totalité de la personne. On  traduit souvent le mot « âme » par « je »  autrement dit : Je suis moi ;  je suis un être de désir puisque mon âme « aspire », mon âme a soif de quelque chose : « …comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu » – « Si mon âme se désole, je me souviens de toi… » (Ps 41, 2 et 7).

L’Esprit (ruah) caractérise Dieu (Pur Esprit).  C’est le principe de vie qui vient de Dieu et ouvre l’homme au créateur qui l’appelle à Sa Vie. C’est donc ce souffle divin qui communique la puissance de création. C’est aussil’inspiration divine des prophètes et du Messie (Un rameau sortira de la souche de Jessé …Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur – qui lui inspirera la crainte du Seigneur…( Is 11, 1-3)

Le cœur (leb) c’est l’intériorité profonde, le centre de la personne, de la volonté, le lieu des décisions, des projets et des sentiments. C’est surtout le lieu de la rencontre avec Dieu.

En choisissant ces termes précis, Paul nous aide à comprendre que nous formons un tout indissociable chair, cœur, âme et esprit. Nous pouvons alors réaliser que la mort n’est qu’une étape, une porte à ouvrir sur une autre dimension.

La résurrection : le surgissement de l’Homme dans la gloire d’une vie nouvelle

Les auteurs bibliques ont mis quelque 1500 ans pour arriver à la conviction que Dieu, dans sa miséricorde, ne peut abandonner l’Homme à sa condition mortelle. Créateur, il ne peut laisser la mort avoir le dernier mot. La résurrection de la totalité de ce corps, appelé à la glorification, n’est pas la réanimation d’un cadavre ; c’est le surgissement de l’Homme tout entier dans la gloire d’une vie nouvelle.

La Résurrection, le coeur de notre foi

Il faut bien l’avouer, nous avons beaucoup de mal à imaginer ce que cela sera réellement. Aussi, quand trop de questions nous assaillent ou bien quand nous doutons, redisons avec force notre credo avec nos frères en humanité.

Dieu nous veut vivants !

Puisque la résurrection de Jésus est le cœur de notre foi, nous devons également croire que Dieu nous veut vivants dès aujourd’hui ! En effet, combien de fois avons nous l’impression de re-naître à la vie après des événements douloureux, après une maladie !

Alors, n’oublions pas que le signe de la croix, que nous traçons sur nous, affirme la totale confiance que nous faisons à l’amour salvifique de Dieu.

Georgette

Sources : * Bible-notes (affirmer que le Christ est ressuscité, c’est croire en la résurrection –  ** Marie-Noëlle Thabut –  *** Cerca 2012-2013 – Comprends ce que tu crois.

Illustration : Wikimédia Commons – La résurrection des morts  (1870) de Victor Moltez (1809-1897) – Département des peintres du XVI-XX siècles – Palais des Beaux Arts de Lille – Domaine Public.

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