Synthèse des rencontres organisées par la paroisse autour de la crise dites des « gilets jaunes ».

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65 personnes ont participé à un des débats organisés par la paroisse d’Enghien, Saint-Gratien, Orgemont. Certains étaient des paroissiens fidèles, d’autres invités par les premiers ne l’étaient pas toujours. Nous avons repris les 5 questions des évêques, soulignées dans le texte.

 

1/ Quelles sont selon vous, en essayant de les hiérarchiser, les causes principales du malaise actuel et des formes de violentes qu’il a prises ?

 

–       Economiques : pour un certain nombre de Français, il devient difficile de vivre avec ce qu’ils gagnent. Toute charge supplémentaire est insupportable. Les classes moyennes ont vu leur pouvoir d’achat s’effriter. Certaines professions sont particulièrement menacées : artisans, pêcheurs, agriculteurs, commerçants, petits entrepreneurs … Les délocalisations d’entreprises fragilisent durablement le tissu socio-économique.

–       Les difficultés ne sont pas les mêmes suivant son lieu de résidence : le mouvement est prioritairement provincial. Il existe une fracture entre une France des grandes métropoles, qui profitent plus de la mondialisation, et une France des petites villes et des campagnes, qui est oubliée bien qu’elle soit la plus nombreuse en population comme le montre le géographe Christophe Guilluy (disparition des services publics, et des commerces). Cette dernière se sent méprisée et peu reconnue par les autres. Dans le même ordre idée, il existe trop d’inégalités dans les salaires, inégalités qui sont maintenant bien connues par les médias.

–       Notre modèle de société, une société d’hyper consommation, est à bout de souffle. Le standard auquel nos contemporains aspirent ne répond pas toujours à des besoins fondamentaux et/ ou réfléchis. Il y a une sorte d’insatisfaction perpétuelle et d’envie en estimant que l’herbe est plus verte ailleurs.

–       La perte des valeurs (la famille, le mariage, la conception, mais aussi les valeurs fondamentales d’amour et de solidarité). Il manque un idéal de société, il y a un déficit de sens.

–       Le vivre ensemble n’existe plus, on a peur de l’autre, on ne le rencontre pas. On ne sait plus dialoguer entre nous, et surtout avec ceux qui sont différents de nous. Il y a un fossé qui s’est creusé aussi entre l’Etat et les citoyens.

–       Notre monde n’a plus confiance. Avec la mondialisation, il semble que notre destin nous échappe. La complexité du monde angoisse.

–       Un fossé se creuse entre ceux qui ont des connaissances et les autres, le numérique peut aggraver ce fossé.

 

2/ Qu’est-ce qui pourrait permettre aux citoyens dans notre démocratie de se sentir davantage partie prenante des décisions politiques ?

 

–       Aller voter en ayant lu et compris le programme et en participant aux réunions d’information.

–       Le vote devrait peut-être devenir obligatoire. Et reconnaître le vote blanc.

–       Rétablir la proportionnelle à une certaine doseaiderait aussi à ce que tous soient entendus.

–       Pourquoi ne pas proposer le système suisse de la « votation », un vote sur une question proposée par les politiques et par les citoyens (si cette question est soutenue par un nombre significatif de citoyens) ?

–       Les cahiers de doléances au niveau des mairiespourraient aussi permettre aux uns et aux autres de faire connaître leurs idées. En espérant que cette consultation soit bien prise en compte.

–       La participation à la « plateforme » Civic Tech, bon outil de mise en œuvre de politique publique. http://civictechno.fr/2017/07/17/manifeste-civic-tech-pour-une-democratie-deliberative/

–       Lutter contre les « fakes news »et ne pas laisser les chaînes de télévision en continu mener la politique, que ses fausses nouvelles soient rétablies car les gens y croient « dur comme fer ».

 

3/ Quels sont les lieux ou les corps intermédiaires qui favoriseraient cette participation ?

 

–       La commune est le premier maillon indispensable. Au sein de la commune, les réunions de quartiers. Créer plus d’espaces de convivialité et de fraternité à ce niveau-là.

  • Les syndicats.
  • Les Eglises et les religions devraient être plus écoutées.

–       Le député qui devrait être plus présent sur son territoire, à l’écoute des électeurs.

 

4/ Quel « bien commun » recherché ensemble pourrait fédérer nos concitoyens et les tourner vers l’avenir ?

 

–       Il faudrait proposer une autre société, une société de la sobriété, qui prenne soin de toute la création et de toute personne, l’écologie intégrale, une société juste. Pour cela, il faut que le monde politique indique la voie, plutôt que les grandes entreprises. L’Europe devrait aussi être moteur dans la construction de cette nouvelle société.

–       Par conséquent, il faudrait :

  • une répartition de la croissance égale pour tous, en évitant ces écarts immenses entre le SMIC et les plus hauts salaires.
  • réapprendre le vivre ensemble, depuis la famille et l’école jusque dans la rue et les entreprises. Et aussi transmettre le goût du partage, de l’accueil. Il faut ré apprendre entre autres à rendre service : service civique, mais services à tous les âges. La culture et l’éducation sont fondamentales pour le vivre ensemble.

–       En tant que chrétiens, nous sommes invités à faire connaître les principes de la doctrine sociale de l’Eglise.

 

5/ Quelles raisons d’espérer souhaitez-vous transmettre à vos enfants et petits-enfants ?

 

–       Beaucoup de compatriotes sont généreux et fraternels : il y a beaucoup de bénévoles engagés dans notre pays. C’est une grande force. Parmi eux, il y a beaucoup de jeunes avec une envie d’avancer.

–       Nous avons en France une tradition de réflexion. Libérons toutes ces énergies.

–       Nous avons confiance en la pérennité de valeurs fondamentales: fraternité, générosité, bienveillance, dialogue en famille, sagesse et courage.

–       Le texte du pape François,Laudato si. C’est une mine pour construire cette nouvelle société, plus respectueuse de la terre et de la personne. Il est à mieux faire connaître, travailler et mettre en application déjà chez nous.

 

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