Frère Alois plaide pour un “ministère d’écoute”

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Prieur de la communauté œcuménique de Taizé, il a été l’invité spécial du Pape François lors du Synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. C’est la troisième fois qu’il assistait à un synode des évêques et participait aux débats. Son expérience et ses rencontres avec les jeunes qui viennent se ressourcer à Taizé, lui ont permis de donner un témoignage réfléchi et avisé sur six des sujets débattus au cours de ce synode.

Ecoute et Accueil: Il  a souligné combien les jeunes ont besoin de se sentir accueillis et écoutés par l’Eglise. « Ce qu’ils désirent, c’est une Eglise moins institutionnelle et plus relationnelle, capable d’accueillir sans juger à l’avance ».

 Témoignage et transmission : Pour lui, le dire ne suffit plus. La mission se fait par contagion et plus seulement par les mots. Il faut encourager le contact personnel qui permet l’écoute » « Les jeunes veulent des témoins authentiques, des hommes et des femmes qui donnent une image vivante et dynamique de leur foi… des personnes qui encouragent les autres à approcher, rencontrer Jésus ».

La vocation : Mariage, vie religieuse …Aujourd’hui la majorité des jeunes ne se reconnaissent pas dans ces propositions qui sont souvent considérées comme les seules pistes que l’Église propose aux jeunes pour s’accomplir dans leur vocation. Il rappelle que la réponse à l’appel de Dieu s’ancre dans le choix renouvelé de suivre le Christ, quelle que soit la forme que prend cet engagement. « A nous de leur montrer que le oui est possible, même dans nos propres fragilités, s’ils s’appuient constamment sur le Oui de Dieu afin qu’ils osent garder le goût de cet engagement à vie. La possibilité de revenir au Oui de Dieu, même après nos échecs, nos fautes, peut faire tomber les peurs de l’Appel. »

Accompagnement et discernement : Aider chaque jeune à trouver une réponse à la question de sa vocation demande un investissement particulier de l’Eglise. Il souligne qu’Elle doit trouver des formes nouvelles d’accompagnement de toutes les étapes de la vie qui ne se résument pas au séminaire ou à la préparation au mariage, mais plutôt comment faire fructifier le oui de la grâce baptismale et il ajoute « Nous sommes frappés par les demandes d’accompagnement, notamment lors des retraites en silence qui requièrent de la part des frères une écoute très profonde ! »

Nouvelles technologies : Bien qu’elles fassent partie intégrante de la vie des jeunes et soient véritablement un lieu de nouvelle évangélisation (vidéos, témoignages, homélies…) , elles peuvent néanmoins représenter un territoire de solitude et de manipulation, d’exploitation et de violence (Instrumentum Laboris). Il a rappelé qu’à Taizé, on ne trouve pas d’écran ni de système perfectionné. Or ce village fourmille de jeunes modernes et connectés. Frère Alois explique la nécessité de faire des pauses : « l’absence d’écrans permet aux jeunes de se rendre compte assez naturellement de la beauté de la relation aux autres et leur donne le goût de la rencontre qui se passe à travers les services que les jeunes sont amenés à rendre : distribution des repas, vaisselle… ». La simplicité et « la pauvreté », philosophie profondément Chrétienne leur permet de remettre le contact fraternel au cœur de leur vie.

Œcuménisme et unité des Chrétiens : Frère Alois en fait l’expérience chaque jour, la majorité des 18-29 ans en recherche spirituelle ne se tournent pas vers l’Eglise catholique : « Les jeunes ne nous posent pas d’abord des questions confessionnelles : leurs interrogations sont beaucoup plus fondamentales, et touchent à la possibilité de croire aujourd’hui. Nous rendons grâce pour la possibilité qui nous est donnée à Taizé de prier quotidiennement ensemble et de vivre régulièrement l’hospitalité eucharistique. »

Pour Frère Alois, « un ministère d’écoute est indispensable ». Il peut être exercé tant par des consacrés que des laïcs. Ce ministère serait confié à des personnes qui ont du temps pour « simplement accueillir » la parole de l’autre. Il s’agirait d’un “premier contact, avec une personne disponible pour écouter une joie ou une souffrance”. « Tant de jeunes voudraient être écoutés »s’est-il ému, nous invitant à faire découvrir que “l’Eglise est amitié”.

Georgette

Sources : Eglise catholique de France et Portail catholique Suisse

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