« Le Trône de la grâce » (He 4, 14-16)

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« Avançons-nous donc avec assurance, vers le Trône de la grâce… (He 4, 16). En ce 29eme dimanche du temps ordinaire que signifie cette invitation à nous avancer vers  un Trône de grâce.

Le mot trône me renvoie aux images que nous recevions au catéchisme. Elles représentaient Dieu, tel un roi majestueux à la barbe blanche. Assis sur son siège royal, un sceptre à la main, il avait l’air lointain, impressionnant et peu avenant. Il ressemblait aux statues de Zeus ou de Jupiter (dans l’antiquité les Dieux étaient souvent représentés assis sur un trône).

Mais, l’art peut nous aider à comprendre l’expression « Le Trône de la grâce ». Ci-dessous, trois œuvres nous invitent à en méditer le sens.

 

  • Le Baptistère des Ariens, accolé à l’Eglise du Saint-Esprit à Ravenne (Italie). Construit entre le Veme et VIeme siècle, sa coupole est décorée de superbes mosaïques. Attachons nous au détail représentant un trône impérial avec sur le siège un coussin de pourpre. Il est entouré, d’un côté, par St Pierre qui porte les clés symbolisant le royaume et de l’autre par St Paul qui, quant àlui, tient dans ses mains les rouleaux en papyrus de ses épîtres. Leurs mains sont voilées d’un linge (on ne recevait rien de précieux les mains nues). En réalité, le trône n’est pas vide. Sur le coussin est posée une croix.  Cette mosaïque exprime l’attente chrétienne. Croix, rouleaux de parchemin sont les signes de la présence du Christ qui nous invite à préparer sa venue en nous unissant à Lui. Cette image, les Eglises Orientales la garde en mémoire. Elles la nomment « étimasie » ce qui en grec signifie « préparation ».
  • Le trône vide de l’Abbatiale Ste Foy à Conques (construite à partir de 1041). Derrière Ste Foy, adossé à un des piliers, nous pouvons apercevoir un trône aux montants ornés de globes. Il est représenté totalement vide. Cette symbolique remonterait à la mort d’Alexandre le Grand. Lors de son décès, tous les Satrapes (les gouverneurs de province) furent conviés à confirmer leur serment de fidélité sur le trône désormais vacant de l’empereur mais qui demeurait néanmoins présent. Cette coutume du culte des morts a été perpétuée par les romains avant d’être reprise par le Christianisme. Le trône vide évoque la présence vivante du Christ mort et ressuscité.Sa place, juste en arrière de Sainte Foy nous renvoie au sacerdoce de celle-ci qui, du point de vue de la tradition catholique, était devenue prêtre par son martyr (il lui fait bénéficier d’une ordination céleste pour avoir versé, comme le Christ, son sang pour le salut du monde).Le trône rappelle donc le siège sacerdotal, la cathèdre, et celui du prêtre par excellence Jésus Christ qui nous a rejoint dans nos vies et nous invite à participer à la construction de son Royaume.
  • L’église protestante St Jean de Cour à Lausanne est une véritable œuvre d’art. Au centre du chœur aux couleurs vives, on peut admirer une peinture murale de l’artiste vaudois Louis Rivier. Elle représente un Christ en croix porté à bout de bras par Dieu le Père. C’est l’amour du Père qui soutient le Fils. Jésus n’est pas sanguinolent, il est déjà sur son trône de gloire, promis à la Résurrection. Jésus et le Père ont le même visage. « … Celui m’a vu à vu le Père … » (Jn 14, 9). A droite du trône se tient une foule de témoins de l’Ancien Testament et à gauche ceux de la Nouvelle Alliance. Tous ont les yeux tournés vers le Christ. En la détaillant, l’image nous dit tout de l’invitation de ce dimanche. Le Père se soulève de son Trône pour porter la croix du Fils qui est tout à la fois Dieu et Homme. Non seulement, il la soutient mais il semble la soulever pour la hisser jusqu’au trône. Le Père se penche vers nous pour soutenir « nos croix », celles des épreuves qui jalonnent nos vies et pour nous élever vers Lui. La colombe au dessus du siège est le signe de l’Esprit Saint. Père, Fils et Esprit ne font qu’un. Ils n’existent qu’en union avec les deux autres. Cette relation d’Amournous invite à gravir, une à une, comme nous l’indique la fresque, les marches qui conduisent vers Dieu qui est Lumière.

Les mots ont aussi une importance. Ainsi dans le texte, avancer signifie se rapprocher, progresser vers … Assurance, quant à lui, vient du grec Hupostasis dont l’un des sens est :la constance de l’esprit, la fermeté, le courage… et porte aussi la notion de liberté.

S’avancer avec assurance vers le trône de la grâce est donc un appel à nousapprocher sans crainte de Dieu. Le trône vide, malgré son apparence ne l’est pas. C’est le lieu de la rencontre avec l’amour de Dieu ; un amour plus grand que nos faiblesses, plus grand que nos échecs. Comme nous l’indique la mosaïque du Baptistère des Ariens, nous avons la Bible « La Parole » pour nous aider à découvrir qui il est, ce qu’il veut et comment progresser. C’est elle qui nous donne les clés pour le rejoindre. Celui de l’Abbatiale Ste Foy nous rappelle que notre baptême, qui nous a fait prêtre, prophète et roi, nous invite à la prière, à rendre compte de notre foi, à en témoigner, à être, au cœur de toutes les réalités humaines, le pain dans  la pâte, lesel de la terre,la lumière du monde. Le trône de la grâce, c’est Dieu qui désire faire de l’homme sa maison. Comme l’a écrit Saint Irénée « Dieu a fait l’homme pour que l’homme devienne Dieu ». Il nous convoque et nous appelle à devenir à notre tour Lumière. Sachons répondre sans crainte à cette invitation.

Georgette

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