Elle est coupante la parole de Dieu (He 4, 12-13)

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Bref, ce court passage est cependant vigoureux, sans concession, comme l’est cette lettre dans son ensemble. Cet extrait vient après un développement de l’auteur sur Jésus, grand prêtre d’une Alliance Nouvelle succédant à celle de Moïse. Il s’agit d’une sorte de discussion entrent deux groupes qui s’affrontent. Il y a d’une part les juifs fervents très attachés au culte liturgique du Temple (élément fondamental de la foi juive) ainsi qu’à l’institution du sacerdoce à Jérusalem et, plus particulièrement, celui du Souverain Sacrificateur dont la fonction est celle du médiateur, celui qui se tient devant Dieu en faveur du peuple. Pour ce groupe, il n’y a pas de salut hors du Temple de Jérusalem. L’auteur de l’épître aux Hébreux, quant à lui, présente Jésus comme le grand Souverain Sacrificateur puisque, Fils de Dieu, il est devenu par sa mort et sa résurrection, le seul, le vrai médiateur. De la nouveauté de Sa Parole qui s’adresse à tous vient le salut attendu. Désormais, les sacrifices d’expiations deviennent inutiles. C’est ce qui rend le dialogue si difficile entre les deux groupes.

Dans les versets lus aujourd’hui, la parole de Dieu est comparée à une épée à deux tranchants pour deux raisons :

1) – La parole créatrice de Dieu est semblable à un glaive séparant les ténèbres et la lumière. Le mot « ténèbre » se dit de 10 façons différentes en Hébreu, et de 6 en grec ; dans l’Ancien Testament, il apparaît 9 fois au singulier et 143 fois au pluriel. Au singulier, ce mot ne désigne pas uniquement « l’obscurité » au sens d’une absence de lumière ; il désigne aussi le chaos, la crainte, la mort. Au pluriel, il peut évoquer la nuit mais également ce qui est caché, l’aveuglement spirituel… Il désigne en quelque sorte le péché, le mal. Or la bible contient les paroles de Dieu : « …c’est par l’Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 P 1, 21). Elles sont destinées à pénétrer le cœur de l’homme, à le transformer.Ses auteurs, pleinement humains, se sont exprimés dans leur style propre, avec leur intelligence pour nous dire : qui  est  Dieu, ce que nous sommes,  ce que nous devons faire pour nous transformer, quelle est notre mission dans l’histoire de l’humanité afin de construire le monde  selon Son dessein

2) – Cette parole nous appelle à la liberté, à la responsabilité. Elle nous demande de choisir entre le bien et le mal,  de retrancher de nos vies tout ce qui nous emprisonne, de vivre en étroite communion avec Dieu. Destinée à nous pénétrer jusqu’à la « moelle »,  démasquant en nous nos étroitesses, discernant nos véritables dispositions et pensées, elle nous demande une adhésion du cœur et de trancher « dans le vif » !

En réalité, ces versets qui nous semblent durs, nous invitent à faire l’effort de méditer la Parole de Dieu, à la mettre en pratique même au prix de nombreux renoncements. C’est ce que Jésus demande au jeune Homme riche qui prie et connaît les commandements. Mais un « total détachement » est un tel sacrifice qu’il renonce à le suivre. Or, si on se laisse pénétrer par les écritures, la puissance de l’Amour Divin se manifeste en nous et peut nous aider à changer. St Paul n’a-t-il pas écrit : « … tu connais les Saintes Ecritures : elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse… Toute l’écriture est inspirée par Dieu, elle est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toute sorte de bien. (2 Tm 3, 15-17). Méditer les paroles bibliques, c’est écouter la voix de Dieu : Père, Fils et Esprit, qui met en nous le désir de nous laisser transformer, relever et sauver par ce qu’il nous dit au plus profond du coeur.

Le cardinal Roger Etchegaray le souligne : [« … Obéir signifie « prêtez l’oreille », écouter jusqu’au bout… L’obéissant ne se contente pas de se conformer à un ordre, à une loi. Il va au-delà. Sa conscience n’est pas quitte avec la satisfaction du devoir accompli. Celui qui aime ne fait pas juste ce qu’il faut pour être en règle : il aime sans mesure, il s’engage sur une route où l’horizon ne cesse de reculer… L’obéissant écoute amoureusement la Parole de Dieu, parole d’un père et non d’un souverain. Parole qui libère au lieu d’asservir…. « Ecoute Israël »…voilà le premier et le dernier mot que savoure l’obéissant »]. (J’avance comme un âne – chapitre  IV dans le droit fil de la parole de Dieu).

* Sources : A la découverte du monde biblique – Bibliquest

Georgette

 

 

 

 

 

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