Le livre de la Sagesse (2, 12 – 17-20)

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Le livre de la sagesse, dont l’ancien titre était la Sagesse de Salomon (les chapitres 6-9 parlent de ce roi que la tradition juive considérait comme un « grand sage »), est le dernier livre de l’Ancien Testament. Il aurait été écrit 30 ou 50 ans avant la naissance du Christ. Contrairement aux autres livres bibliques, il a été rédigé, non pas en Hébreu ou en Araméen, mais dans la langue grecque. Depuis les conquêtes d’Alexandre le Grand, une colonie juive s’était implantée en Egypte. Les Juifs pouvaient librement y pratiquer leur religion et avaient des lieux de prière reconnus dans les villages ou dans les quartiers de certaines villes. Son auteur appartenait à la communauté Juive d’Alexandrie. Ce livre frappe par la diversité des styles et des thèmes. On notera le recours constant à deux procédés :

a) Le contraste ou la comparaison. La destinée immortelle des justes est opposée à la vie stérile des impies ; le sort des Israélites à celui des Egyptiens …

b) Le développement progressif des idées. Ainsi le thème de la mort est abordé tout au début du livre (1, 11-13) pour être repris et développé dans d’autres chapitres (2, 20-24 – 3, 2-3 …). L’auteur joue sur la richesse du thème pour évoquer tantôt la mort physique, tantôt la mort spirituelle, tantôt les deux ensemble.

 

Il peut être divisé en trois sections :

 

1) La destinée humaine selon Dieu (1 -5). Cette section a pour but de raffermir la foi des Juifs. Elle oppose la destinée des justes à celle des impies.

2) L’éloge de la Sagesse (6,1 – 11, 3). Cet éloge, bien que le roi ne soit pas nommé, est placé dans la bouche de Salomon qui s’adresse aux autres rois. Il leur rappelle que leur pouvoir vient de Dieu qui les jugera selon leurs actes. La sagesse seule est apte à connaître la volonté de Dieu et elle se révèle depuis les origines jusqu’à la sortie d’Egypte.

3) Une méditation sur l’Exode (11, 4 à 19, 22). Cette section est la plus longue et consiste en une suite de comparaison entre le sort des Israélites et celui des Egyptiens à partir du récit des plaies d’Egypte. L’auteur en y défendant les valeurs du Judaïsme met aussi en garde tous ceux qui briment sa communauté. Ce livre se signale à la fois par sa fidélité à la religion traditionnelle d’Israël et par son souci constant de la rendre actuelle.

 

Pour un Juif plongé en milieu grec, l’intégration signifiait l’abandon de ses pratiques. Il lui fallait donc choisir : soit décider de rester fidèle en tous points à la religion juive, risquant alors l’isolement, ou s’intégrer à son nouveau pays au risque de s’éloigner de sa communauté et d’en abandonner peu à peu toutes les pratiques . Il est évident que ces deux positions ont engendré des conflits parfois très durs qui rendaient la fidélité au Judaïsme encore plus difficile. Les querelles religieuses étant toujours les plus terribles ! Ceux qui gardent la foi sont un reproche vivant pour ceux qui l’abandonnent. Ils seront donc persécutés, non par les Grecs, très libéraux sur ce point, mais par leurs frères.

 

Le texte, lu en ce 25eme dimanche du temps ordinaire reflète ce contexte. Son auteur qui assiste à une dégradation de la foi au sein de la communauté Juive veut, malgré les difficultés et les exigences, encourager ses frères à y être fidèle. Il nous ouvre à la première partie de l’évangile du jour, où le Christ annonce sa passion à ses disciples.

 

Nous le savons, l’Eglise traverse une période de fortes turbulences (diminution des ressources financières, manque de vocations, conflits divers, tensions sur des sujets complexes provoqués, entre autres, par les révélations qui se font jour à travers le monde et dans notre pays). Ces difficultés nous plongent dans le désarroi et peuvent provoquer une remise en question de notre foi. Comme le souligne St Jacques dans l’épître lue aujourd’hui, nos demandes à Dieu sont souvent mal ajustées : « Vous n’obtenez rien parce que vous ne demandez pas ; vous demandez, mais vous ne recevez rien ; en effet, vos demandes sont mauvaises » (Jc 4, 2-3). Il nous demande d’apprendre à faire confiance à Dieu, car ainsi qu’il le précise : « Si le Seigneur le veut bien, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela »(Jc 4, 15). Cette phrase est proche de celle de Jésus qui, s’adressant à son Père au jardin des Oliviers dit ceci : « Que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. »(Lc 22, 42).

 

Or la Sagesse n’est pas uniquement le fruit de la connaissance et de l’expérience. Elle est une grâce qui permet de voir chaque chose avec les yeux de Dieu (Catéchèse du Pape François sur les dons du St-Esprit). Elle est difficile à obtenir puisque nous sommes des êtres partagés et qu’un véritable combat se déroule en nous-mêmes. Nous ne pouvons l’acquérir que par la prière puisque Dieu seul peut nous la donner. St Jacques nous le conseille : «  Si l’un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, lui qui donne à tous sans réserve et sans faire de reproches, elle lui sera donnée »(Jc 1, 5). Dans nos communautés, n’oublions pas de demander avec insistance ce don de Dieu. Il nous permettra de surmonter notre désarroi devant les épreuves que nous  traversons !

Georgette

* Source la TOB et Marie-Noëlle Thabut

 

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