Homélie du dimanche de la Nativité de saint Jean-Baptiste

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Jean-Baptiste est le seul saint du calendrier liturgique dont on célèbre à la fois la naissance et le martyre. Cela souligne son importance dans l’histoire du salut.

Voici trois aspects de la Nativité de saint Jean-Baptiste qui nous disent quelque chose de notre identité humaine et chrétienne : sa conception miraculeuse ; le choix étonnant du nom de « Jean » ; sa mission très particulière.

 

1/ La conception miraculeuse de Jean-Baptiste

Zacharie et Elisabeth, ses parents, sont âgés ; et Elisabeth est stérile. Pourtant, elle va concevoir un enfant. Cela montre d’emblée l’intervention spécifique de Dieu, la gratuité du don de Dieu (cf. la fin de l’Evangile : « la main du Seigneur était avec lui. »)

   ⇒ Tout enfant n’est-il pas, dès le sein maternel, l’objet de la faveur bienveillante de Dieu ?

Is 49 : « J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. »

Ps 138 : « C’est toi qui a créé mes reins, qui m’a tissé dans le sein de ma mère. Je reconnais devant toi le prodige, l’être étonnant que je suis. »

L’être qui est présent dans « le sein maternel », en gestation, est déjà pleinement « quelqu’un ».Les parents le savent bien.

Mais il est déjà quelqu’un aussi aux yeux de Dieu ! Dieu lui a déjà donné un « nom », avant celui que donneront les parents. Dieu a déjà un « rêve » sur lui (Dieu, qui est en-dehors du temps, voit déjà tout ce que cet enfant sera, tout ce qu’il fera de beau).

 ⇒ Les parents ne sont pas les propriétaires de l’enfant, mais les intendants d’un mystère sacré qu’ils doivent protéger : ils doivent apprendre à laisser grandir l’enfant sous le regard bienveillant du Seigneur.

 

2/ Le choix du nom de « Jean »

L’épisode de la naissance de Jean-Baptiste montre une sorte de miracle au moment de donner le nom à l’enfant. Cela se produit le huitième jour, selon la tradition juive de l’époque, le jour de la circoncision : il ne s’appellera pas « Zacharie » (NB/ normalement, c’est le nom du grand-père qui est donné ; cela souligne l’âge avancé du père !) mais « Jean ». Ce nom a été communiqué par l’ange à Zacharie au moment de la conception de l’enfant. Elisabeth est inspirée elle aussi, car elle propose le même nom, sans avoir apparemment consulté son mari.

⇒ Donner un nom est un acte capital. Le nom a souvent une signification, qui dit l’identité, la mission que reçoit l’enfant.C’est un choix parfois compliqué pour les parents, qui doivent, comme dans l’Evangile, être profondément accordés.

Ici, le nom de « Jean » signifie en hébreu : « Dieu fait grâce ». Jean-Baptiste, en effet, en baptisant Jésus au Jourdain, sera le dernier prophète de l’Ancien Testament et le premier du Nouveau Testament. Il fermera le temps de la Loi (avec la figure de Moïse) et ouvrira celui de la grâce (cf. Jn 1,17 : « La Loi fut donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. »). La « grâce », c’est le don total que Dieu fait à l’humanité, en la personne de son « Fils unique plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14).

 

3/ La mission de Jean-Baptiste

   ⇒ Cf. la question présente dans l’Evangile, qui est une question que tous les parents se posent : « Que sera donc cet enfant ? »

Cf. Ac 13 : « De la descendance de David, Dieu, selon la promesse, a fait sortir un sauveur pour Israël : c’est Jésus, dont Jean le Baptiste a préparé l’avènement [la venue]. »

La mission de Jean-Baptiste dans l’Evangile est toujours relative à la personne de Jésus : si Jésus est le « Sauveur », Jean est le « Serviteur »(cf. Is 49). Il est au service de la venue de Jésus.

Cf. l’antienne de l’Evangile (= les paroles que prononcera Zacharie, qui vient de retrouver sa voix, juste après ce passage de l’Evangile, à propos de son fils Jean-Baptiste) : « Toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ; tu marcheras devant, en présence du Seigneur, et tu prépareras ses chemins. »

Jean préparera les chemins de Jésus : c’est la mission de tous les chrétiens !

Saint Augustin :« Jésus est la Parole, et Jean est la voix. »Jean sera le prophète du Seigneur ; il donnera sa voix à Dieu, il parlera au nom de Dieu : c’est la mission de tous les baptisés !

 

Conclusion

Pensons à nous-mêmes et aux enfants qui nous sont peut-être confiés (comme parents) :

 

  • Le moment de la conception : Dieu nous connaît dès le sein maternel ; il voit déjà toute la beauté de ce que nous serons !

 

  • Le moment de la naissance : le nom nous permet d’exister comme « personne » humaine ; il indique aussi une mission (nous ne sommes pas sur terre pour rien !)

 

  • La mission des baptisés : nous sommes là pour préparer les chemins de Jésus dans le cœur des hommes, pour parler au nom du Christ.

 

Père Edouard George

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