«Je mets dans ta bouche mes paroles !…»(Jr 1, 9)

Publié le

 

 

Ce dimanche, nous fêtons la naissance de Saint Jean Baptiste. Avec la Vierge Marie, il est le seul Saint dont on célèbre la nativité. Fils du prêtre Zacharie et d’Elisabeth cousine de Marie, sa vie, tout comme elle, est reliée à Jésus. Il a eu pour mission de préparer sa venue annoncée par les prophètes et attendue par le peuple d’Israël. Il est pour les Chrétiens le dernier d’une longue série de prophètes. Cette fête nous invite donc : à les découvrir ; à comprendre le sens de leur mission, prendre conscience de la nôtre et nous interroger sur la manière dont, nous aussi, nous pouvons annoncer la venue du royaume de Dieu.

Même si d’autres peuples de l’Orient en ont connu, ils sont une caractéristique d’Israël. Leur rôle principal n’était pas de prédire l’avenir du pays ; il consistait avant tout à en être « la conscience critique ». En grec propheroi signifie « parler pour ». Parlant au nom de Dieu : « Je mettrai dans sa bouche mes paroles et il leur dira tout ce que Je lui prescrirai »,ils commençaient souvent leurs interventions par ces mots « Paroles du Seigneur » ou « Oracle de Yavhé » (Dt 18, 18). Inspirés par l’Esprit Saint, ils cherchaient à comprendre Sa volonté et le sens de Son action qui semblait incompréhensible pour le peuple. Le Deutéronome prévient, il faut Les écouter : « Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte ».(Dt 18, 19) ; il met en garde contre les faux prophètes : « … un prophète qui aurait la présomption de dire une parole que je ne lui aurais pas prescrite ou qui parlerait au nom d’autres dieux… »(Dt 19, 20)  et indique la façon de les reconnaître : « Si le prophète parle au nom du Seigneur, et que la parole reste sans effet et ne s’accomplit pas, alors le Seigneur n’a pas dit cette parole… »(Dt 18, 22). Ces précisions nous indiquent le trait essentiel du vrai prophète : Il ne parle qu’au nom de Dieu et de Lui seul.

On distingue : les prophètes apparus vers le 4eme siècle avant J.C. (Elie, Elisée, Samuel, Nathan …), ils n’ont pas laissé d’écrits ; et ceux à qui l’on a attribué des livres bibliques qui ont été rédigés sur de longs siècles. (Isaïe, Osée, Michée …). Il semble que, faute d’être attentifs à l’Esprit Saint, ils disparurent vers le 3eme siècle avant J.C : « Israël fut affligé d’une grande tribulation….depuis le jour où il ne parut plus de prophète en Israël »  (1 M 9, 27), et furent remplacés par les livres de La Sagesse : « La sagesse est unique … elle se transmet à des âmes saintes, pour en  faire des prophètes et des amis de Dieu »(Sg 7, 27).

Le profil de ces hommes était différent, allant du berger (Amos) au fonctionnaire du roi (Isaïe), à ceux de race sacerdotale (Jérémie et Ezéchiel), au paysan (Michée). Ils avaient cependant un point commun : une réelle implication dans les affaires politiques et religieuses. Ils ne se contentaient pas de critiquer le présent et de dénoncer la religion qui parfois servait à cacher les injustices sociales, ils ouvraient de nouvelles perspectives, de nouveaux horizons et apprenaient au peuple Juif que ce n’était pas Dieu qui les avait abandonnés mais l’inverse. Ils en soulignaient la fidélité !

Saint Luc situe le début de la mission de Jésus à la synagogue de Nazareth, un jour de sabbat. Lorsqu’il se lève pour faire la lecture, le livre d’Isaïe lui est remis et il trouve ce passage où il est écrit [« L’esprit du Seigneur est sur moi car il m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés …»]. Quant elle est achevée, il s’assoit mais en voyant tous les yeux fixés sur Lui, il ajoute [« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’écriture que vous venez d’entendre »] (Lc 4, 16-21). Si ce texte fournit à Jésus les directives de sa mission, il nous indique des pistes d’évangélisation pour notre temps. Les béatitudes du sermon sur la montagne, quant à elles, nous donnent une ligne de conduite. La lecture de la parole ne peut être constructive que si nous prenons conscience qu’il faut,avant tout, la mettre en pratique. A une époque où les valeurs de l’évangile semblent ringardes, mises à mal par une société prônant le plaisir immédiat, le toujours plus de rentabilité, plus d’argent et où nous constatons la montée de l’individualiste, le désir de réussir à tout prix ….il est urgent d’annoncer que nous sommes tous appelés à construire le « Royaume de Dieu ». Suivant le modèle des prophètes, la dénonciation de tout ce qui asservit l’être humain, le refus de cautionner tout ce qui le détruit et le réduit à « l’esclavage » deviennent des signes prophétiques. Pour y parvenir, nous devons nous laisser conduire par l’Esprit Saint ; enraciner nos manières de vivre dans la Bible et dans la vie du Christ. Pour conclure, méditons cette parole de Moïse et prions pour qu’elle advienne : « Ah ! Si seulement le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! » (Nb 11,29).

(Sources la Croix et Interbible)

 Georgette

Plus de lecture...