Homélie 1ère communion à St Gratien

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La plus grande puissance du monde, ce ne sont pas les Etats-Unis ou la Corée du Nord, ni la Chine, ni la Russie qui a marqué 5 à 0 jeudi soir. La plus grande puissance du monde, c’est le sourire. C’est du sourire que nous vivons, comme c’est de l’absence de sourire que nous mourrons. Là où il n’y a pas de sourire, la vie est dure et risque de s’éteindre peu à peu. Là où il y a le sourire, la vie est belle et s’épanouit. Et le sourire est aussi la plus grande fragilité. Il est clair que si le sourire vous est offert et qu’il rencontre un visage fermé, il ne peut rien. Si on ne répond pas à ce sourire, rien ne se passe.
Le sourire, c’est l’exemple le plus parlant de la toute-puissance de l’Amour de Dieu, qui peut faire vivre, qui peut produire beaucoup de fruits, qui peut tout si on l’accueille, mais qui n’arrive à rien si on se ferme à lui. Comme le sourire qui est puissant s’il est reçu, mais qui ne peut rien s’il rencontre un visage fermé.
L’Eucharistie, c’est le sourire de Dieu. C’est un signe que Dieu nous donne, un appel qui nous est fait. Et ce signe, ce sacrement de l’eucharistie, exige une présence totale, et il se passera alors quelque chose de grand dans nos vies, comme lorsqu’on accueille le sourire de quelqu’un. Mais si nous ne sommes pas présents, il ne signifiera rien.
Gardez cette image du sourire, qui est une belle image de l’eucharistie, de la puissance de l’eucharistie et de l’Amour de Dieu dans nos vies.
Est-ce que vous connaissez sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus ? Une jeune religieuse à Lisieux en Normandie qui à la fin du XIX° siècle a une vie très rayonnante. Sa photo se trouve dans notre église (pilier à droite, avant la chapelle de la Vierge). Savez-vous à quel âge elle a fait sa première communion ? A 11 ans, un peu plus âgée que vous. A l’époque c’était ainsi. Elle a écrit un journal, dans lequel elle raconte sa première communion. Et elle parle de ce sourire de Dieu, de cet amour de Dieu qui l’a envahi ce jour-là, car elle s’est ouverte à ce sourire de Dieu. Je vous cite son journal.
« Le beau jour entre les jours arriva enfin, [le 8 mai 1884, jour de sa première communion]. Ce fut le premier baiser de Jésus à mon âme, un baiser d’amour. Je me sentais aimée. Et je disais aussi : Je vous aime. Je me donne à vous pour toujours. (…) Depuis longtemps, Jésus et Thérèse [se regardaient dans la prière] et s’étaient compris. Ce jour-là, ce n’était pas un regard, mais une fusion. Ils n’étaient plus deux. Thérèse avait disparu comme la goutte d’eau qui se perd au sein de l’océan. Jésus restait seul. Il était le Maître, le Roi ». Thérèse s’est ouverte au sourire de Dieu, à son Amour, elle l’a accueilli en elle, ils ne sont plus deux (Jésus et Thérèse), elle ne fait plus qu’un avec lui, comme la goutte d’eau qui se mélange dans le calice du prêtre, comme la goutte d’eau qui se mélange à l’océan.
En communiant, Thérèse a beaucoup pleuré. Ses amies ont pensé qu’elle était triste comme d’habitude. Thérèse a en effet connu deux grands drames dans sa vie. A 4 ans, elle a perdu sa mère, morte très jeune ! Vous imaginez pour une petite fille perdre sa maman. Thérèse restait très sensible et émotive à cause de cela. Et à 10 ans, sa grande sœur, Pauline, que Thérèse avait choisi comme sa deuxième mère, est rentré chez les religieuses, au Carmel. A l’époque cela voulait dire qu’elle ne verrait plus sa famille, c’est comme si Thérèse perdait de nouveau sa maman. Ses amies sont sûres que c’est à cause de cela que Thérèse pleure le jour de sa communion : sa maman n’est pas là, ni sa grande sœur.
Mais Thérèse explique : « elles ne comprenaient pas que toute la joie du ciel était venue dans mon cœur. L’absence de Maman ne me faisait pas de peine : le Ciel n’était-il pas dans mon âme, [Maman y était donc aussi]. En recevant la visite de Jésus, je recevais aussi celle de ma mère. Quant à Pauline, depuis longtemps le don de sa vie au Seigneur était accepté, la joie seule remplissait mon cœur, je m’unissais à elle qui se donnait irrévocablement à Celui qui se donnait à moi ».
La communion permet de ne faire qu’un avec Jésus, la communion permet également de ne faire qu’un avec toute l’humanité. Elle nous permet d’entrer en communion avec tous les membres du Corps du Christ, nos défunts, comme les vivants de toutes les parties du monde. Elle crée un lien indestructible entre nous tous. Communier, c’est s’ouvrir infiniment à l’amour du Christ en s’ouvrant sans limite à l’humanité.
La communion construit la communion entre les hommes, elle nous rappelle aussi que c’est parce que nous sommes ensemble, que nous vivons cette fraternité entre nous, que nous pouvons avoir accès à la présence de Jésus-Christ. Si Jésus nous a donné rendez-vous à un repas, s’il a choisi ce signe du repas, ce n’est pas pour rien. Il a voulu ce signe pour affirmer que nous ne le trouverons pas si nous ne sommes pas ensemble. Et si nous prétendons le trouver en rompant la chaîne d’amour, en refusant de prendre en charge l’humanité, en nous désolidarisant de toutes les douleurs et de toutes les espérances du monde, alors nous commettons un sacrilège.
Dans l’évangile, nous avons entendu la parabole de la semence. Cette semence est toute petite, presque invisible, pourtant, une fois jetée en terre, elle pousse, grandit, et devient un grand arbre pouvant accueillir de nombreux oiseaux et offrant de nombreux fruits. L’eucharistie, c’est la même chose. Cela semble insignifiant, un petit morceau de pain, sans levain. Qu’est-ce que ça peut changer dans le monde ? Rien, il semble. Et pourtant, une fois reçue dans notre cœur, elle développe ses semences d’amour, et elle produit de nombreux fruits et nous permet de faire de grandes et belles choses.
Que cette première eucharistie, que toutes les eucharisties que vous recevrez régulièrement le dimanche fasse grandir en vous des fruits de bienveillance, de douceur, de tendresse, de sourire et de paix !

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