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ARC–EN–CIEL

Selon la Bible, le premier arc-en-ciel de l’histoire apparaît bien après la fin du Déluge. Il faut laisser Noé, les siens et tout son zoo sortir de l’Arche, offrir des holocaustes dont le Seigneur apprécie « l’agréable odeur ». Le Seigneur s’engage en effet à ne plus maudire le sol à cause de l’homme, ni frapper tous les vivants. Dans une seconde version, qui complète le premier récit, l’arc « au milieu des nuages » apparaît plutôt comme une sorte d’aide-mémoire que Dieu invente pour se rappeler, si besoin est, que tout Déluge est exclu. Désormais, c’est l’Alliance entre Lui, Noé et la planète (Gn 9,12-17).
Une nouvelle ère commence…
Le Déluge ne dure que quarante jours. Nous, les jubilaires de 2018,en sommes à soixante, cinquante et quinze années d’engagement dans une vie consacrée ou dans un ministère ecclésial de prêtre et de diacre. Comme Noé, nous avons dû nous embarquer, prévoir notre ravitaillement, notre navigation,
digérer le plus agréablement possible les modifications de trajectoire décidées par nos responsables, en somme, comme tout le monde … Pluies diluviennes, orages, nuages interminables de grisaille et, parfois, un arc-en-ciel.
Dans la première lecture de ce 7 ème dimanche de Pâques, on procède au remplacement d’un disciple que Jésus avait pourtant choisi : Judas, qui a mis fin à ses jours. L’Eglise, fidèle à son Maître, tient à le remplacer sur la base d’un critère : avoir été témoin de la résurrection. Dans l’évangile, « à l’heure où il passait de ce monde à son Père », Jésus exprime une prière sous forme de testament. Il remet ses disciples « à son Père », et lui demande « qu’ils aient en eux ma joie et qu’ils en soient comblés ». A la fin du passage, Jésus prononce à trois reprises le verbe consacrer : « consacre-les par la vérité », « pour eux je me consacre moi-même », « afin qu’ils soient eux aussi
consacrés par la vérité. »
Dans les quatre évangiles, ce verbe n’apparaît que dans la bouche de Jésus. Remarquons que « consacrer » porte une nuance par rapport à « sanctifier », autre traduction possible de ce verbe. Traduire seulement par sanctifier, pourrait ici réduire la dimension de la prière de Jésus qui est d’obtenir du Père, pour ses disciples, la qualification, la compétence et la joie de témoigner de la vérité. Sanctifier pourrait, en effet, se limiter au don d’une perfection isolée. Consacrer implique, au contraire, une mise à part, une grâce spécifique en vue d’un service et d’un témoignage. Aujourd’hui,
par exemple, c’est la « journée chrétienne de la communication. » Cette journée nous rappelle que notre histoire de chrétiens, de religieuses, de diacres et de prêtres, consiste à vivre de la communication de Dieu, et à servir celle que Dieu propose à tous.
Revenons à l’arc-en-ciel. Nous l’admirons lorsqu’il apparaît, et nous aimerions comprendre toute la machinerie qu’il suppose. Deux arcs superposés : celui du dessous, plus brillant, l’autre, au-dessus, de couleurs plus faibles, disposées en ordre inverse du premier. Une bande plus sombre les sépare, que depuis l’Antiquité, on appelle : « la bande sombre d’Alexandre », savant qui, vers 150, remarqua le phénomène. Espérons, si nous parvenons au ciel, que ni Alexandre ni aucun d’entre nous n’en ferons jamais partie…
Père Damien Noël