Election de Matthias en remplacement de Judas

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Cette 1ere lecture (Ac 1, 15-17-20a.20c-26) relate le remplacement de Judas. Une occasion d’orienter notre réflexion :
·    sur  Judas.
·    mais aussi sur la façon dont est élu Matthias (dont le nom hébraïque Matiyahou signifie don de Dieu) et sur le rôle des apôtres.
Dans son audience du 18-10-2006, le pape Benoît XVI soulignait : « …le nom de Judas suscite chez les Chrétiens un réaction instinctive de réprobation et de condamnation ». Or Jésus, comme pour les autres disciples, l’avait choisi après avoir prié toute une nuit : « En ces jours-là Jésus s’en alla sur la montagne …, il passa toute la nuit à prier Dieu …Il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres : Pierre …et Judas Iscariote qui devint un traître » (Lc 6, 12-16) Cette précision de Luc nous indique qu’au début de son ministère il bénéficiait de la totale confiance de Jésus (Il lui avait confié la gestion de l’argent du groupe) : « il tenait la bourse commune …(Jn 12, 6). Il fut lui aussi invité à partager le dernier  repas de la Pâque et le Christ, comme aux autres apôtres, lui avait lavé les pieds. Il était donc bien aimé de la même façon ! Pourquoi alors a-t-il trahi : par cupidité ? ; par déception lorsqu’il a compris que le « Messie » n’était pas conforme à ce qu’il en attendait puisqu’il ne désirait pas libérer politiquement et militairement son pays ?  Ce ne sont là que des hypothèses ! La seule certitude que nous pouvons avoir est que, respectueux de la liberté de chacun, Jésus ne l’a pas choisi pour que s’accomplisse, à travers lui, sa mission rédemptrice. C’est Judas qui, de lui-même, céda à Satan (mot Hébreu signifiant l’ennemi, la puissance de la haine et de la destruction et qui en grec est appelé Diable, c’est-à-dire le diviseur, celui qui sépare) :« Satan entra en Judas appelé Iscariote » (Lc 22, 3). Dominé par cette force destructrice, il livre alors Jésus. Mais, Benoît XVI le souligne : à l’inverse de Pierre qui après sa trahison s’est repenti de sa faute et a cru au pardon du Christ, le repentir de Judas pourtant réel, a dégénéré en un dévorant désespoir qui l’a conduit à l’autodestruction. Et le pape  ajoute : « …Dieu dans son mystérieux projet salvifique assume le geste inexcusable de Judas comme une occasion du don total du Fils pour la rédemption du monde ».
Le début du livre des Actes raconte le remplacement de Judas. Pourquoi fallait-il reconstituer un groupe de douze apôtres ? Pour comprendre, il est nécessaire d’en relire les premiers paragraphes : L’assemblée, constituée d’environ 120 personnes prépare la fête juive de la Pentecôte. Or il fallait atteindre précisément le nombre de cent vingt. Ce chiffre exigeait donc une répartition de dix personnes autour des douze apôtres. L’extension du Judaïsme était, dès l’Ancien Testament, un projet de Dieu : Ainsi parle le Seigneur de l’univers : En ces jours là, dix hommes de toute langue et de toute nation saisiront un Juif par son vêtement et lui diront : « Nous voulons aller avec vous, car nous avons appris que Dieu est avec vous » (Za 8, 23). Le Père Claude Tassin (Spiritain) explique qu’un groupe de dix hommes était nécessaire pour constituer une synagogue et que le nombre de douze représente l’ensemble des tribus d’Israël. Il évoque également les 12 portes de la Jérusalem céleste dont les fondations sont les 12 apôtres. (Ap 21, 12-14). Dans le passage de ce jour, Luc par la bouche de Pierre, précise ce qui fera le caractère unique des apôtres : Ayant vécu avec Jésus son ministère terrestre c’est par leur prédication qu’ils deviendront les témoins de sa résurrection.  De cette continuité de vie naîtra l’Eglise ! Contrairement à Jésus qui avait lui-même choisi ses apôtres, Pierre ne se sent pas apte à choisir seul le remplaçant de Judas. Il décide donc qu’il y aura un tirage au sort entre deux personnes  : « On en présenta deux, Joseph appelé Barsabba…, et Matthias »(Ac 1, 23). Ce dernier, avait été, comme les douze apôtres un témoin oculaire de la vie du Christ et il lui était resté constamment fidèle. C’est après une prière commune que Matthias fut désigné le remplaçant de Judas « …Toi Seigneur qui connaît tous les cœurs, désigne lequel des deux tu as choisi …On tira au sort entre eux et le sort tomba sur Matthias qui fut donc associé par suffrage aux onze Apôtres »(Ac 1 24-26).
Pour conclure cette méditation, nous pouvons dire, comme le souligne Benoît XVI, que l’histoire tragique de Judas doit sans cesse nous rappeler ce que dit Saint Benoît à la fin du chapitre V de sa Règle : « Ne désespère jamais de la miséricorde divine». St Jean l’affirme : « Si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toute chose »(1 Jn 3, 20). Jésus attend toujours avec une infinie patience notre repentir et notre conversion. D’autre part, c’est avec une confiance constante que nous devons prier Dieu pour qu’Il nous éclaire afin que se fasse sa volonté.Nous pouvons également relire la conclusion de cette audience du 18-10-2006 : « …Même si dans l’Eglise ne manquent  pas les Chrétiens indignes et traîtres,il revient à chacun de nous de contrebalancer le mal qu’ils ont faitpar notre témoignage limpide à Jésus Christ ». N’oublions donc pas de nous rappeler que nous sommes constamment invités, malgré nos indignités, à ressembler et avoir les mêmes sentiments que le Christ : compassion, humilité, patience, tendresse et communion dans l’amour.
Georgette
 
 

 

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