Homélie du dimanche de la Divine Miséricorde

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Début du XXe siècle, le Seigneur demande avec insistance pour la énième fois à la sœur la vénérable mère Louise-Marguerite Claret de la Touche de créer une œuvre sacerdotale mondiale (alliance sacerdotale universelle), 2000 prêtres aujourd’hui. Pour cela il lui demande de se faire aider par son confesseur, le père P. Alfred Charrier. Ce dernier dit qu’il réfléchit. En fait, il tergiverse. N’est-ce pas une lubie de la sœur ? Mais de réflexion en réflexion, le Christ s’impatience. Il dit à la sœur, si votre confesseur n’est pas capable de le faire, il le fera sans lui.  Le prêtre demande alors quel est l’un de ses premiers péchés. C’est osé ! Au tête-à-tête suivant la sœur revient avec la réponse du Christ :

« C’est très embêtant ce que vous lui avez demandé. Il ne s’en souvient plus ».

Quand c’est pardonné, c’est pardonné

C’est cela la miséricorde, c’est un don, un don au-dessus de tous les dons, un pardon.

En revanche, le Christ ne pouvait rester sur cette phrase « Je ne m’en souviens plus ». Alors il a rajouté, vous vous êtes fait graver au-dessus du cœur  « Jésus sauveur du monde » au pyrographe. Le prêtre a un moment de recul « Il a dit non », personne ne pouvait le voir avec sa soutane.

 

En ce dimanche de la divine miséricorde, je vous propose :

  1.     De voir comment cette fête a été instituée le deuxième dimanche après Pâques,
  2.     Qu’est-ce la miséricorde au fond ?
  3.    Une belle histoire pour montrer ce qu’est la miséricorde

 

Nous sommes en 1940, à Cracovie, un jeune homme prie tous les soirs sur la tombe d’une sœur qui est décédée deux ans plus tôt en 1938. Le jeune homme s’appelle Karol Wojtyla, la sœur s’appelle sœur Faustine. Un copain de séminaire a indiqué au jeune Karol le message d’une certaine sœur Faustine « Semer dans le monde le message de la miséricorde et en faire refleurir le culte ». Elle fut tantôt portière, cuisinière, jardinière dans sa congrégation de Notre Dame de la Miséricorde.

Je fais un aparté : c’est la suite des apparitions à Paray-le-Monial à Marguerite-Marie au 17ème siècle. Elle fut l’inspiratrice du Sacré Cœur de Jésus qui a eu un succès mitigé en France, mais fut bien reçu en Pologne

Le Christ lui indique avec précision de nouvelles formes pour le culte de miséricorde divine :

  • un tableau le représentant dévoilant son cœur baignant le monde d’eau et de sang, flots du salut,
  • fête de la miséricorde divine le premier dimanche après Pâques,
  • le chapelet à la miséricorde divine, impliquant l’ajout d’une prière spécifique entre chaque dizaine,
  • prière à 15h pour honorer la mort et la passion de Jésus.

Le culte de la miséricorde se répand rapidement dans le diocèse de Cracovie, mais rien n’est simple. En 1958 un décret du Saint Office interdit même aux croyants cette dévotion, mais L’Esprit Saint est à l’œuvre et le Christ ne laisse pas son affaire.

Karol Wojtyla devient évêque en 1965 et ouvre la cause de Béatification de sa compatriote. En 1978, Karol Wojtyla est élu pape. Je ne vous étonnerai pas en vous disant que la congrégation pour la doctrine de la foi revient sur son interdiction.

À partir de là, le culte à la divine miséricorde prend son essor.

Le Saint Pape Jean-Paul II écrira en 1980 une encyclique « Dives in misericordia » (Dieu est riche en miséricorde)  avec cette très belle formule « Dans le Christ et par le Christ, Dieu devient visible dans la miséricorde ». Le pape est convaincu qu’il y a urgence d’annoncer la miséricorde de Dieu face à ce siècle intensément meurtrier.

La fin du procès de canonisation de soeur Faustine a lieu en 1992 et sa canonisation en l’an 2000. Le deuxième dimanche de Pâques devient le dimanche de la Divine Miséricorde.

En 2015 / 2016, rappelez-vous le pape François à lancé une année Sainte Extraordinaire de la Miséricorde correspondant au 50ème anniversaire de Vatican II.

Rappelez-vous également à Argenteuil avec l’ostension de la Sainte Tunique du Christ.

 

Qu’est-ce la miséricorde ?

Elle est trop souvent réduite au Pardon. Tiré du latin elle signifie « donner son cœur à la misère et avoir pitié de ma misère ».

Le terme traduit en réalité deux mots hébreux :

  • Rahanim  « Tendresse inconditionnelle de la mère pour son enfant »
  • Hésed      « L’amour invincible de celui qui est indéfectiblement fidèle à son alliance »

 

Pour mieux comprendre ce qu’est la miséricorde, je vous propose cette histoire.

C’est l’histoire d’un blessé des guerres napoléoniennes dans les années 1810.  Il mendie, mais il n’aime pas mendier. Il se tient à la porte de l’église pour quémander quelques pièces à ceux qui allaient à la messe tout en les méprisant pour leur foi en Dieu. Le curé a pitié et lui offre une couverture. Puis un autre jour, il l’invite à dîner puis un peu plus tard il le fait dormir au presbytère. Le soldat est touché par sa gentillesse loin de ses préjugés et demande à se faire confesser. Un péché qui sort du lot. Il raconte qu’avant la révolution française il était intendant d’un château son maître a été pris dans la tourmente de la révolution et il lui a demandé de prendre bien soin de sa famille.  Mais contrairement à sa promesse, il a dénoncé les membres de la famille et tous ont été guillotinés sauf un qui en a échappé. Le prêtre lui donne l’absolution, le relève et l’embrasse. Au moment de se relever, les yeux pleins de larmes, l’ancien intendant voit sur le mur un tableau,  il reconnaît la famille qu’il avait trahie et se retourne vers le curé en lui demandant qui il est. Où avez-vous trouvé ce portrait ? Il lui répond qu’il est le dernier de la fratrie et qu’il a échappé au massacre et qu’il lui pardonne.

Il lui a pardonné une fois en tant que prêtre et une seconde en tant qu’homme.

En conclusion, le trésor le plus précieux pour les catholiques c’est la révélation du Christ, une révélation de l’infinie miséricorde de Dieu, la seule force capable de pénétrer les murs de la douleur, de la haine, de la peur, du ressentiment… que nous avons érigés tout autour de notre cœur. Soyons comme St Thomas crions « Mon Seigneur et Mon Dieu » quand la miséricorde nous touche et nous guérit.

Jean-Claude

Diacre Permanent

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