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Notre Dame de la compassion
Dès le Vendredi Saint en fin de l’après midi, le Sabbat
va commencer puisque le soir descend. Des gens ont
bougé. Entre deux portes se trament les projets,
un colloque semi officiel entre personnes influentes,
une autorisation reçue de Pilate, et surtout ne rien
publier pour l’instant : on peut déposer de la croix
le corps du Maître Jésus.
La piété chrétienne a placé ici la superbe treizième station du Chemin de
la croix. Je l’intitule, la Piéta.
« Ici la Passion de notre Seigneur Jésus Christ prend fin et
la compassion continue. Le Christ n’est plus en croix, il est avec Marie
qui l’a reçu.
Comme elle l’accepta, promis, elle l’accepta consommé. Le Christ qui
a souffert aux yeux de tous de nouveau dans ses bras. Elle l’a pris,
elle voit, elle touche, elle prie, elle pleure, elle admire. » ( Paul Claudel,
Chemin de la Croix)
L’Église entre ses bras, comme elle, à jamais, prend en charge son bien-aimé,
mort et relevé des morts.
Michel Ange a montré La Pietà au monde entier, à l’entrée Est de
la basilique Saint Pierre. Sérénité profonde de la mère tenant sur ses genoux
le corps inerte de son fils.
Marie-Madeleine et ses compagnes effarées sont présentes quelque part,
puisque leur amour est mort. Elles pourront témoigner, car les disciples,
eux, sont réfugiés, et terrés chez Jean Marc, sans doute, ou se replient
vers Emmaüs.
Pour elle, ce qui est incompréhensible et donc impensable dans la situation
ne verse pas dans l’absolu du néant. Elle se souvient que Dieu lui avait,
à l’avance, expliqué tout cela, mais « le tout cela » ne s’est révélé réel qu’à
la mesure du temps.
Au départ, l’Ange lui en avait donné la raison au-delà des raisonnements :
« Rien n’est impossible à Dieu ». Elle avait répondu Oui ! Et depuis,
la première « rachetée par avance » « gardait tout dans son cœur ».
Elle méditait, non pas avec une prescience de la Résurrection de son Fils,
mais avec la connaissance de l’intimité de Dieu, en Jésus vivant ou mort,
du Dieu vivant qui est à l’œuvre.
De pieuses litanies du Moyen Age adressent à Marie les louanges pour
le saint Sabbat :
«Vous, Notre Dame, la toute aimée entre toutes les femmes, vous
avez, non seulement gardé la foi, mais montré la puissante force de
celle qui est emplie de la vertu ».
De plus, les générations d’Église ont gardé comme un joyau le Stabat Mater,
l’hymne liturgique de la célébration de Notre Dame des Sept Douleurs. Dans
cette poésie, la Mère, devenue notre mère, est debout. Elle, qui a traversé
la nuit, nous apprend ce qu’est l’espérance et la compassion, cet échange de
douleur et d’amour.
Père Jean Poussin