La colère et la miséricorde du Seigneur

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La 1ere lecture de ce 4eme dimanche de carême est un passage du Second Livre des Chroniques, probablement écrit entre 450 et 425 av J-C. Son contenu est, pour l’essentiel, une relecture de l’histoire religieuse d’Israël. Son auteur n’est pas vraiment connu mais, d’après la tradition, les deux Livres auraient été écrits par Esdras.

Ce chapitre (36, 1-21) évoque la prise de Jérusalem en 587 av. J.-C. par Nabuchodonosor, roi de Babylone. Pour prouver son amour, Dieu, malgré les infidélités répétées du peuple d’Israël, avait envoyé messagers et prophètes : « …Le Seigneur sans attendre et sans se lasser leur envoyait des messagers, car il avait pitié de son peuple… » (2 Ch 36,15) ; or ces avertissements n’avaient servi à rien. Finalement comme le dit le texte : « il n’y eu plus de remède à la fureur grandissante du Seigneur contre son peuple». (2 Ch 36,16). Jérusalem fut détruite, ses habitants tués  et les rescapés furent déportés, réduits à l’esclavage. C’est par manque d’écoute et de foi, qu’Israël, comme l’avait annoncé Jérémie, perd sa terre, son temple, ses institutions et son roi : « La terre sera dévastée et elle se reposera durant soixante-dix ans, jusqu’à ce qu’elle ait compensé par ce repos tous les sabbats profanés. » (2 Ch 36, 21). Le « châtiment » n’est pas définitif.

Longtemps, les lectures de l’A.T. où il est question de la colère de Dieu (dans le texte il s’agit même de fureur qui est, soulignons-le, une colère poussée au paroxysme) me semblaient incompréhensibles car en totale contradiction avec de nombreux textes du N.T. nous parlant d’Amour, de miséricorde ; mais aussi parce que la colère est, ne l’oublions pas, considérée comme l’un de sept péchés capitaux.

Or, c’est une erreur de mettre en opposition le Nouveau et l’Ancien Testament. Ne perdons pas de vue les quelques évangiles qui nous décrivent le Christ agacé ou en colère : « Alors, promenant sur eux, un regard de colère, navré de l’endurcissement de leurs cœurs, il dit à l’homme … » (Mc 3, 5) ; « Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs… » (Jn 2, 15). Cette scène témoigne de son immense courroux et pourtant Mgr Michel Aupetit dans son homélie du 04-03-2018 nous dit : Ce que Jésus accomplit est un signe messianique annoncé par le prophète Zacharie «  il n’y aura plus de marchand dans la Maison du Seigneur de l’univers, en ce jour-là ». (Za 14, 21).

Apprenons à découvrir les passages de l’Ancien Testament où il est question de l’Amour de Dieu : « Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays… » (Ex 3, 8) ; « Je t’aime d’un amour éternel aussi je te garde ma fidélité… » (Jr 31, 3) ; «… Le Seigneur est tendre et miséricordieux, il pardonne les péchés, et il sauve au moment de la détresse » (Si 2, 11) ; « Qu’elle est grande, la miséricorde du Seigneur, qu’il est grand, son pardon pour ceux qui se convertissent à lui ! » (Si 17, 29).

Les auteurs de la Bible, inspirés par l’Esprit Saint, ont voulu, à travers ces narrations, nous faire prendre conscience que le message du Nouveau Testament est déjà annoncé dans l’Ancien. En définitive, la colère de Dieu a pour objectif la réflexion et la remise en question. En vérité, c’est l’Homme qui, en s’éloignant de Dieu, source de Vie, se condamne à la mort. Le reste du récit nous prouve que Sa fidélité est inébranlable ; l’accession au trône du roi Cyrus sera l’occasion pour quelques Hébreux de retourner à Jérusalem et d’y rebâtir le temple en vue d’un pouvoir évoluant vers une plus grande spiritualité (Versets 22-23).

Georgette

 

 

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