Homélie du 4ème dimanche du temps ordinaire à 10h30 à Enghien

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Le texte met en relief l’autorité de Jésus qu’il souligne comme originale, profonde et inédite. Les auditeurs ne subissent plus les leçons des répétiteurs de la Loi. Le nazaréen n’interprète pas la Parole de Dieu, il élève la voix en direct ; d’elle-même elle provoque de l’action, de la transformation. Rassemblés dans la synagogue, les gens restent étonnés et mêmes craintifs, restent comme atteints jusqu’au secret d’eux-mêmes. Quel est cet homme dont la parole, plus qu’un enseignement donné, est comme d’une efficacité inouïe : il commande au Mal et à la maladie ; les souffrants se trouvent soulagés.

A la synagogue, ce jour-là, a lieu le face à face de Jésus et d’un homme tourmenté. C’est un jour de Sabbat, jour de repos intouchable des croyants devant Dieu. Mais Dieu n’a pas de repos ; alors le Christ agit, il est né pour aimer, il est né pour lutter. Il et venu « perdre » le mal pour donner la vie. A lui la maîtrise absolue sur les forces du néant, pour faire naître le Royaume de la Grande Vie. Et il n’y a pas de combat sans cri. Le cri de Jésus expirant sur la croix reprendra le cri de cet homme tourmenté, son cri d’arrachement au mal, car il se trouve devant Jésus, le « Saint de Dieu ».  « Que nous veux-tu Jésus de Nazareth ? » Il n’est pas nécessaire d’être sous l’emprise du Mal pour pousser ce cri. « Christ, es-Tu venu détruire ce qui est contraire au Dieu d’Amour ? Es-Tu venu donner le vertige à nos fausses tranquillités ? Es-Tu venu faire que nos idoles se dérobent sous nos pieds ? « Es-tu venu nous perdre ? », clame l’homme emprisonné dans sa tête. Il dit « Nous » et non pas « Je », comme une personne adulte ou mature. C’est le drame de celui qui n’a pas son propre jugement. Il répète sans doute les refrains communément corrects de « l’esprit du monde ». Jésus veut que cela se taise en lui : « Sors de cette homme », ordonne-t-il. Jésus libère, il en fait un adulte, et peut-être un adulte grandi dans la foi. Certains dans la foule autour de Jésus applaudissent devant un guérisseur. Il s devront comprendre plus tard comment est le vrai Messie. Un prédicateur célèbre disait dans une grande église parisienne que celui qui n’a pas été bouleversé par l’évangile ne l’avait sans doute pas lu. Alors, nous arrive-t-il que la Parole du Seigneur nous émeuve, nous bouleverse ? Avons-nous déjà entendu le Christ nous dire «  Tais-toi ! ». Ou à un autre moment : « Fais donc le chemin de mon Baptême, c’est-à-dire : «Avance en eau profonde… puis Lève-toi. Suis-moi ».

Saint Augustin, l’évêque maghrébin d’autrefois, écrivait à peu près ces mots : « Si tu as lu ou écouté la Parole du Christ, alors dans certains évènements de ta vie, tu sentiras couler, au profond de ton âme, le souvenir de cette parole de Dieu, et cette parole de Dieu, quand il le voudra, se changera en bonheur.

Père Jean Poussin

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