Le saint temps de l’AVENT rappelle que le Christ va venir
Au dixième siècle de l’Eglise, on superposa à la venue de Jésus de Noël, la célébration de la venue glorieuse du Christ, celle de la fin des temps. Cela, afin d’entrer davantage dans le mystère tout entier de Jésus le Christ. Dans cette double présentation de son Avènement (la Venue) nous vénérons le tout début et l’ultime réalisation, l’abaissement de la crèche et la victoire glorieuse du Ressuscité. Dieu nous montre, par son Fils, le cheminement pascal par lequel Il nous conduit vers cette fin qu’est l’éternelle existence bienheureuse.
La réforme liturgique du concile de Vatican II a heureusement conservé l’usage conjoint de ces deux célébrations, celle de « l’Avent-de-Noël » et celle de « l’Avent eschatologique » (de la fin des temps).
Dans notre monde, en plus de l’angoisse d’aller vers la mort, se répand souvent une peur concernant l’avenir de l’humanité. Sauver la planète devient une préoccupation mondiale qui rassemble et divise les hommes. Certes on ne peut pas passer à côté de la responsabilité humaine dans la construction de notre l’histoire et de la mise en valeur de la Création que Dieu nous confie.
Mais l’humanité est aussi la grande famille de Dieu « comme en pèlerinage Gaudium et Spes 38, qui, pendant que l’Esprit est à l’œuvre, attend «les nouveaux Cieux et une nouvelle Terre » (selon les images de Apocalypse) Apocalypse 21, en détachant des fausses sécurités et des projets mortifères. Dans les saintes Ecritures, le Jour (final) du Seigneur est annoncé comme la visite solennelle et grandiose du Seigneur Marc 14/62 : elle revêt deux faces. L’une, lumineuse est celle de la rencontre. Car «l’esprit humain a été créé pour se réjouir et se délecter avec Dieu, de Dieu et de toutes choses en Dieu » Isaac de l’Etoile Sermon 25/6 L’autre face plus sombre du retour du Christ est celle du Jugement définitif et de la purification des arrachements à tout ce qui enchaîne et encombre le cœur. : «Je viens et mon salaire avec moi pour rendre à chacun selon ses œuvres». Apocalypse 22/12 L’image biblique, sacralisée en notre Credo, étant celle de la visite d’un roi qui s’assoie devant ses sujets pour rendre justice. Matthieu 25
Le saint temps de l’AVENT et la venue du Christ, aujourd’hui
L’Eglise célèbre le Christ en l’entier de son mystère et actualisé dans le temps et dans l’espace. La liturgie agit tout à la fois comme Mémoire, Présence et Espérance. « Christ est venu, Christ est né, il est mort, il est ressuscité, Aujourd’hui, Christ est là ; et Il reviendra ». Ce qui permet l’action de grâce en faisant mémoire de l’Incarnation, de la Rédemption acquise et de travailler à construire le Royaume avec la venue de l’Esprit au long des siècles de la mission de l’Eglise.
Pour exemple : La liturgie chrétienne, et spécialement la messe, est un temps de notre quotidien qui est comme versé dans l’extraordinaire de Dieu. Car, en l’Être suprême de Dieu, le défilement de notre temps créé n’existe pas ; Lui est l’Eternel qui était, qui est et qui « vient ». La succession des événements terrestres est comme concentrée en son éternel présent. « Pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans et mille ans comme un seul jour ». 2 Pierre 3/8
Dans la profonde spiritualité de l’Eucharistie (parce qu’elle est en Dieu) sont rassemblés Alpha et Oméga du Salut, c’est-à-dire, les forces de la Création, celles de la Passion, de la Résurrection du Christ et la fécondation du souffle de l’Esprit. Dans la célébration («comme il nous a dit de faire») se trouve donc aussi, comme anticipés, le Retour du Seigneur et son « Ciel ». Dans le « Pas encore » de l’arrivé du Bonheur tant espéré, nous est donné un «déjà reçu ». Car, par la liturgie, le Seigneur Jésus Christ revit en nous l’entier des mystères de son être de sainteté. Le salut est en mouvement. Par la venue du Christ d’aujourd’hui, il y a un « déjà là » de « son Retour ». Trouvons le Seigneur présent dans son Eglise, ainsi, dans le rassemblement de la communauté autour du prêtre célébrant en personne du Christ. Croyons à la présence réelle sous la Parole proclamée, présence cachée sous le voile matérielle du pain du vin offerts, dans la prière. Voilà en « l’Action de Grâce » les nourritures qui peu à peu, nous font grandir et nous rendent dignes de paraître devant Lui.
Père Jean Poussin