Lorsque nous évoquons le Vendredi Saint et l’agonie du Christ sur la croix, nous revient à l’esprit, cette phrase lue dimanche dernier au cours de la messe des rameaux et de la passion : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Il faut bien reconnaître qu’elle nous est familière. Qui de nous, face aux situations difficiles, douloureuses, aux deuils qui jalonnent nos vies, n’a pas eu l’impression que Dieu, apparemment absent, ne semble pas entendre nos prières. Le doute alors s’empare de nous et nous supplions « Ou es-tu ? Que fais-tu pour moi ? Pourquoi ne pas exaucer ma prière ? N’as-tu pas pitié de moi ? Pourquoi m’abandonnes-tu ? »
Or, les paroles que Jésus adresse au Père sont le début du Psaume 21. Le psalmiste y manifeste la tension, née du sentiment d’être laissé seul, et la certitude de la présence de Dieu et il prie « Mon Dieu, j’appelle tout le jour, et tu ne réponds pas ; même la nuit, je n’ai pas de repos. Toi pourtant, tu es saint, toi qui habites les hymnes d’Israël ! » (v 3-4) Dans ces instants de doute, la souffrance s’accroît et la prière devient un cri.
Pour celui du Christ, il est important de comprendre qu’il n’est pas celui de quelqu’un qui va au-devant de la mort avec désespoir ou qui se sait abandonné ; c’est celui d’un homme qui aime le Père et offre sa vie pour accomplir le dessein de Dieu, même s’il Lui semble, à ce moment ultime, incompréhensible. C’est finalement une prière de confiance et d’abandon qui laisse apparaître, dans le même temps, le sens de la présence du Père et l’accord avec son dessein de salut de l’humanité.
Qu’à l’exemple de Christ, nous apprenions à prier en confiant à Dieu nos croix, avec la certitude qu’Il est présent et qu’il nous écoute. Le cri de Jésus nous rappelle que, dans la prière, nous devons dépasser les barrières de notre « moi » et de nos problèmes et nous ouvrir aux besoins et aux souffrances des autres.
Que la prière de Jésus, mourant sur la Croix, nous enseigne, à prier avec amour, pour tant de frères et sœurs qui sentent le poids de la vie quotidienne, qui vivent des moments difficiles, qui sont dans la douleur, qui ne reçoivent pas de parole de réconfort ; apportons tout cela au cœur de Dieu, pour qu’eux aussi puissent sentir l’amour de Dieu qui ne nous abandonne jamais.
Source : Audience générale du Pape Benoît XVI du 08-02-2017