Retraite dans la ville – Psaume 21 (22)

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Retraite dans la ville 10 et 12 avril 2017

Didier Rimaud a ces mots très justes : « Ce psaume est un cri avant d’être un écrit » (Cahier évangile, le livre des Psaumes, Cerf, 1995). C’est une des supplications les plus poignantes du psautier, une prière unique et bouleversante dans la Bible.

Ce psaume a été choisi pour la messe du dimanche des Rameaux. On le chante à l’office des Ténèbres du vendredi saint. Et dans l’office des heures on le prie chaque vendredi III au milieu du jour.

On peut déceler deux parties dans ce psaume :

  • Dans une première partie, ce psaume décrit les souffrances d’un innocent injustement persécuté et fait entendre ses appels déchirants, suppliant Dieu de ne pas l’abandonner.
  • Puis au détour d’un mot, le psaume bascule brusquement au verset 22 parce que, contre toute attente, Dieu a répondu.
  • Alors la deuxième partie évoque comme une résurrection. Celui qui était sans voix va recevoir la force nécessaire pour annoncer le nom de Dieu à ses frères et porter témoignage, lui dont la prière a été écoutée et exaucée. 

Les évangélistes ont utilisé des versets de ce psaume pour décrire la Passion du Seigneur.

  • Ils mettent dans la bouche du Christ agonisant les premières paroles du Psaume: « mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? »
  • Ils utilisent aussi certains détails des souffrances de ce psalmiste pour illustrer la souffrance du Seigneur lui-même dans sa Passion (les moqueries de la foule, les mains et les pieds percés, la nudité du suppliant, les vêtements tirés au sort)[1].
  • Tout le psaume renvoie au mystère du Christ. A travers ses souffrances et son sacrifice apparaît la naissance d’une génération et d’un peuple qui découvrent les bienfaits du Seigneur.

Comment ne pas lire et prier ce psaume comme le parcours de notre foi, c’est-à-dire le balancement entre le désespoir et la confiance ?

Comment ne pas identifier nos propres angoisses à celles du psalmiste et à celles du Christ en croix ?

Et comment ne pas reconnaître dans cette lecture la naissance de l’Eglise qui annonce au monde entier la rédemption ce qui autrefois était le seul privilège d’Israël ?

  1. Les souffrances et la prière d’un innocent injustement persécuté. Un cri d’abandon.

Visionner le film réalisé par des protestants suisses.

  • Le psalmiste crie vers Dieu, qui semble l’abandonner (v. 2-3).

v.2

Ces mots font partie des sept dernières paroles du Christ en croix qui ont inspirés tant de musiciens.

Quand j’entends ces mots, je pense souvent à l’œuvre appelé « le cri », une œuvre expressionniste de l’artiste norvégien Edvard Munch dont il existe cinq versions (trois peintures, un pastel et une lithographie) réalisées entre 1893 et 1917. Elle symbolise l’homme moderne pris par une crise d’angoisse existentielle.

C’est le seul endroit dans le psautier où Dieu est invoqué avec l’adjectif possessif à la première personne du singulier : « mon Dieu ». Nous devons prendre conscience de cette rareté, et de ce qu’elle indique de la relation du psalmiste avec le Seigneur (ils reviennent deux fois dans le psaume : v.3, v.11). Deux mots, malheureusement, devenus ordinaires à travers une interjection employée à tort et à travers.

Pour redonner à ces deux mots tout leur poids, il faut se souvenir des hauts faits qu’ils évoquent. Cette interpellation répétée deux fois correspond à une double réponse qui a eu lieu déjà dans le passé.

  • Dieu a répondu une première fois pour sauver son peuple au moment de la traversée de la mer Rouge [et Moïse a chanté après le passage de la mer Rouge, « il est mon Dieu, je le célèbrerai » (Ex 15, 2)].
  • Puis une deuxième fois quand il a donné à Moïse les tables de la Loi [Moïse annonce « je vous ai enseigné décrets et règles selon ce que m’a commandé le Seigneur, mon Dieu » (Dt 4, 5)].

Le contraste entre ce que Dieu a fait hier et son silence dans l’aujourd’hui de celui qui prie, est l’objet de la question, et de notre question : pourquoi m’as-tu abandonné ?

Dieu est ici mis en accusation puisqu’il ne répond pas à nos sanglots et à nos prières. Pourtant Dieu a promis de ne jamais renier son alliance même si Israël se rend coupable ! Cette accusation est d’autant plus grave que le psalmiste ne s’accuse d’aucun péché. Plus, le terme abandonner sert d’habitude à caractériser l’infidélité d’Israël (Is 1, 4), mais là il sert à interpeller Dieu comme s’il était infidèle.

En même temps, ce cri n’est pas complètement désespéré, le psalmiste a encore quelqu’un à appeler : c’est un cri confiant. Le « Pourquoi » n’est pas seulement une accusation vers Dieu, cela peut être aussi une question : dans quel but ? Qu’attends-tu de moi dans ces évènements que je ne comprends pas (v 1- 2) ?

v.3

La juste traduction de ce verset 3 pourrait être : « mon Dieu j’appelle tout le jour et tu ne réponds pas, et la nuit non-silence pour moi ».

Obscurité et silence s’ajoutent à l’abandon de Dieu.

L’obscurité et le silence profond entraînent une peur irraisonnée comme celle des enfants qui ont peur du noir et qui appellent au secours. Le silence provoque une peur profonde comme s’il n’y avait plus aucun bruit familier auquel on puisse se raccrocher. Dieu semble complètement caché et absent, si bien que l’on se pose la question cruciale : Dieu existe-t-il, puisqu’il me laisse errer dans le néant ?

Comment répondre si ce n’est en cherchant dans la Bible des situations identiques que l’on pourrait rapprocher de ce verset ?

L’exemple d’Elie devient une réponse possible. Le prophète Elie est menacé de mort par la reine Jézabel en raison de sa fidélité au Dieu d’Israël. Découragé, épuisé, il part a désert pour y mourir. Or Elie va découvrir que Dieu n’est ni dans la tempête, ni dans l’ouragan ou le feu, ni dans le tremblement de terre mais dans la voix d’un fin silence (1 R 19, 12). Voilà une belle contradiction. Qu’est-ce que la voix d’un fin silence ? Elie doit apprendre à reconnaître une voix qui est un fin silence.

Ce fin silence nous renvoit au silence du psaume. Dans les deux cas, la démarche est la même, essayer de reconnaître malgré tout comment Dieu nous parle. Dieu n’est ni dans la tempête, ni dans l’ouragan, ni dans le bruit mais dans le silence. Le silence devient une valeur positive. Le silence n’est plus le signe de la colère divine, du rejet ou de l’absence. Le silence peut exprimer la présence divine, comme il est présent dans la grandeur de l’univers silencieux. Elie nous montre donc que le fin silence, ou le non-silence du psaume, peut en fait être une réponse de Dieu.

  • Le psalmiste a recours à la foi de son peuple (v. 4-6).

v.4

Malgré l’angoisse qu’il ressent, le psalmiste trouve un sursaut d’énergie pour dire sa foi en la sainteté de Dieu, il retrouve en même temps l’importance des prières de la communauté et de la confiance des pères d’Israël (v. 5-6).

Lorsque nous nous trouvons acculés à une situation de désespoir où l’avenir semble sans issue, c’est le moment de se raccrocher aux prières de la communauté, de nous associer à sa prière vers le Saint. Exemple d’un prêtre spiritain.

  • Le psalmiste décrit ses souffrances (v. 7-19).

v.7

Abandonné de Dieu et des hommes, le suppliant ne se reconnaît plus comme un homme. « Et moi je suis un ver, pas un homme ». La comparaison avec un ver évoque la fragilité de la nature humaine et sa décomposition après la mort. Le ver transforme l’homme en cadavre (Is 14, 11).

En entendant ce verset, je pense au Christ de bronze sculpté en 1950 par Germaine Richier pour la basilique Notre-Dame d’Assy. Le corps du Christ est tellement « déformé » que des catholiques créent la polémique et il est retiré de la basilique de 1951 à 1969. « Je suis un ver, pas un homme ». Est-ce que nous réalisons aussi la force des mots, que la force de l’artiste essaye de mettre en forme ?

Le mépris c’est ce que ressent aussi le psalmiste comme le serviteur souffrant qui, dans le livre d’Isaïe, préfigure les souffrances du Christ (Is 53, 3). Etre méprisé du peuple va plus loin qu’une simple blessure d’amour propre, parce que c’est être exclu de l’élection. Il parlait à l’instant des pères, mais Israël en le méprisant l’exclut, et n’accepte pas qu’il puisse prononcer la prière des peuples.

« Toi l’homme blessé, sur la croix ou près de nous, nous te dénions le droit d’exister parce que ta nature abîmée heurte notre regard. Tel que tu es sous nos yeux, tu perturbes le calme de notre existence, et nous refusons de voir en toi notre semblable. Nous te reprochons d’être là et nous te considérons comme une insulte pour l’honneur de la race humaine ». Hélas, des lois racistes, au siècle dernier, ont voulu sélectionner celui qui n’était pas digne d’exister.

v.8

Ouvrir les lèvres pour proférer des grimaces insultantes. Cela me fait penser aux visages déformés de Jérôme Bosch avec ses personnages à la face de crapaud, à la bouche grimaçante de haine, aux yeux brillants de cynisme, et déformés par tous nos vices. Le Christ ferme les yeux sur ce spectacle d’horreur, son visage est miséricordieux. 

v.9

Ces versets rappellent le psaume 18 : « il m’a libéré car il m’aime ». Ce sont les mêmes mots, mais utilisés à l’envers sous forme de dérision : « il comptait sur le Seigneur, qu’il le libère ». Nous allons voir si oui ou non Dieu va agir et va venir délivrer son fidèle.  Nous touchons du doigt l’épreuve de foi, quand l’homme veut se faire juge de Dieu, nous voulons faire l’expérience de son existence.

Le temps semble compté. Les hommes aimeraient que Dieu agisse à l’intérieur du temps des hommes. Quand répondra-t-il à nos demandes ? C’est bien là le fond du problème.

v.10-11

En ce temps d’agonie et de déréliction, voici que le suppliant est encore capable d’un acte de foi extraordinaire puisqu’il reconnaît que Dieu lui a donné la vie, et il se rappelle de sa mère.

v.12

Il y a en hébreu deux formes pour signifier la négation, l’une ordinaire et l’autre plus forte qui annonce un interdit, c’est celle des commandements : tu ne feras pas d’idoles, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas … et c’est cette négation qui est ici employée. Cet homme désespéré ose donner un ordre à Dieu.

On remarque aussi la répétition voulue de « parce que » pour insister sur la double raison de cette demande : l’angoisse et l’absence de secours.

v.13

Le Bashan est une région fertile connue pour sa fertilité et la fécondité de ses bêtes (Dt 32, 13-14). Prononcer ces mots, faire surgir à la mémoire des images de bonheur qui rappellent les bienfaits de Dieu au moment de l’entrée en Terre promise. Il y a comme un travail inconscient qui se fait lentement à travers tout le psaume où les images peuvent être retournées comme un vêtement à l’endroit ou à l’envers, pour rappeler des souvenirs positifs ou au contraire pour exprimer une douleur d’autant plus indicible qu’il y a toujours en arrière-plan le souvenir d’un Dieu bon dont on éprouve l’absence et le silence.

v.14

Diapo nouvelle.

La fièvre atteint l’agonisant et dans son délire il voit autour de lui des animaux, les taureaux pour le déchirer et le lion qui va le déchiqueter. Verset prémonitoire des martyrs…

v.15

Le corps est présent dans sa réalité charnelle à travers les os, le cœur et les entrailles, chacun de ces organes ayant une signification bien précise.

Les os représentent le squelette, l’homme debout, en possession de ses moyens, l’homme ressuscité et rétabli dans son intégrité première, ce que nous enseigne la vision d’Ezechiel au chapitre 37 (Dieu qui redonne vie aux ossements par son souffle, 37, 4-9). L’âme souffre, le corps s’affaisse et se défait, sans consistance, il ressemble à l’eau qui s’écoule ou à la cire qui fond.

Le cœur est toujours dans la Bible le lieu de la prise de décision. Il est tiraillé parce qu’en lui deux volontés contraires s’opposent. Dans ces minutes d’agonie l’homme est dans un tel état de douleur qu’il n’a plus de prise sur son cœur. La douleur physique quand elle est trop forte annihile toute velléité, toute capacité de s’exprimer. Le mourant ne peut plus rien, ni demander de l’eau, ni faire le moindre geste.

v.16

Comble du scandale : Dieu l’auteur de la vie est bien celui qui ici fait mourir. On ne mesure pas assez la violence de l’accusation. La foi du psalmiste le pousse à mettre en cause Dieu directement : pourquoi tu me déposes dans les braises de la mort alors que tu m’as donné la vie ? voir aussi Job : « pourquoi ce don de la vie à l’homme dont la route se dérobe ? » (Jb 3, 20-23).

Diapo du Job de Jean-François Millet.

v.17

L’heure de la supplication est passée. Les chiens qui représentent les forces hostiles encerclent le malheureux.

La deuxième partie du verset est plus compliqué. Le targum paraphrase : « ils ont mordu mes mains et mes pieds comme le lion ». Le corps du malheureux va être immobilisé, semblable à la bête que l’on a chassée et que l’on emmène suspendue à des barres de bois pour être dépecée et dévorée. La seule blessure physique mentionnée par le psaume porte sur les mains et les pieds. Jésus lui aussi aura les mains et les pieds transpercés par les clous.

Diapo sur le retable d’Issenheim peint par Matthias Grunewald.

v.18

La lente construction de la personnalité du supplicié se voit anéantie par une double souffrance physique et morale, en particulier celle de ne plus se reconnaître et par conséquent d’avoir le sentiment confus de retourner au chaos, au tohu-bohu des commencements. L’homme s’écroule devant ceux qui se repaissent d’un spectacle sanguinaire et cruel, les jouisseurs morbides de tous les temps.

v.19

Ce verset est repris par Mt 27, 35 et Jn 19, 23-25.

On touche ici du doigt l’achèvement de la destruction de la personne. Les vêtements révèlent mieux qu’aucun discours la personnalité de celui qui les porte. Lui faire ôter ses vêtements, c’est lui retirer son identité. Il est dépecé comme une bête que l’on chasse, il n’a plus de forme humaine et il réduit à l’état d’animal. Maintenant, abolissant toute règle de pudeur, il n’y a plus qu’un corps nu livré en pâture aux regards les plus indiscrets.

  • Un nouveau cri vers le Seigneur (v. 20-22a).

v.20

Il y a une série d’impératifs mais c’est la première fois dans le psautier que l’on voit écrit « dépêche-toi ». Dans l’ensemble du psautier, cette injonction faite à Dieu sera exprimée sept fois, chiffre de la plénitude.

v.21

« Mon unique », autrement dit le bien qui est ma vie ou ma personne dans ce qu’elle a d’unique à tes yeux. Le mot exprime à chaque fois l’importance de l’être humain dans ce qu’il a d’unique. Est exprimé avec force le prix de chaque personne humaine : Is 43, 4.

Cette allusion à la dignité de l’homme comme à son unité parfaite avec Dieu contredit ce que ressent celui qui souffre et qui se voit disloqué au point de vouloir compter tous ses os.

Le psaume esquisse une sorte de parabole : en temps normal les chiens sont poussés par les chasseurs, tandis qu’ici les malfaisants sont des hommes commandés par des bêtes, c’est-à-dire les forces bestiales de la haine et de la jalousie qui composent aussi la personnalité de l’homme. Ces hommes-là ont perdu toute dignité de créature à la ressemblance de Dieu, ils incarnent l’animalité, la bête de l’apocalypse.

  1. Dieu a répondu, une résurrection à proclamer à toutes les nations.

v.22

Comme il a été tiré par Dieu hors du ventre de sa mère, il le sera aussi hors de l’épée, de la patte des chiens, de la gueule du lion et des cornes des buffles.

De manière inattendue et surprenante, alors que nous sommes en pleine déréliction, voici les mots : « tu m’as répondu ».

Quelle est la cohérence de ce texte ? A la suite de la demande précédente, exprimée par quatre verbes : « ne sois pas loin », « dépêche-toi », « délivre-moi », « sauve-moi », voilà que nous lisons « tu m’as répondu ». Pourtant il ne s’est rien passé, aucun évènement miraculeux, rien de visible. Aucun ange venu déposer du pain comme pour Elie, aucun ange venu briser les chaînes, comme pour Pierre.

Dans cette brutale rupture du vocabulaire qui passe sans nuance d’un appel au secours à la réponse est caché le fondement de toute démarche de foi : continuer à prier est cela seul qui compte. C’est une expérience précieuse dans l’adversité, dans laquelle nous pouvons nous laisser aller à un scepticisme, à quoi bon ? le seul remède est livré par le psalmiste : continuer à prier, même si nous avons l’impression de réciter mécaniquement des suites de mots… cette prière-là sculpte en nous un bouclier intérieur qui protège.

Si nous avons assez de lucidité, alors nous comprenons que Dieu qui n’a pas voulu le mal mais qui a laissé l’homme libre de choisir, continue dans l’adversité à nous tendre la main, sa paume ouverte et pleine d’amour. Mais ce n’est pas un message lisible d’entrée. A nous de le découvrir dans la confusion du monde.

Tu m’as répondu. Cela a eu lieu et continue d’avoir lieu. Il y a un évènement dans le passé qui continue à agir en ce monde. Pour chaque chrétien, c’est le baptême.

A partir de ce verbe, le psaume bascule brusquement. Celui qui a fait l’expérience de la réponse de Dieu se sent assez fort pour annoncer à la grande assemblée ce que Dieu a fait. On entre dans la louange d’un Dieu de vie et de résurrection.

Diapo Majestad Batllo. La Majesté Batlló ((ca) Majestat Batlló) est un crucifix en bois polychrome du XIIe siècle, qui représente un Christ en croix dans une attitude de Christ en Majesté ou triomphant (Christus triumphans), sans signes de souffrances. C’est un des plus intéressants exemples de l’iconographie médiévale de ce type en Catalogne.

v.23

Celui qui était rejeté et exclu et qui se comparait à un ver devient maintenant celui qui est capable de proclamer et de louer Dieu en public. Tout le monde se moquait du condamné, mais maintenant il n’a plus peur prendre la parole. Au v 23 « halal » : ce verbe louer qui a donné en accolant le nom de Dieu YHWH : Alléluia. C’est la 1 ère apparition du mot dans les psaumes. Il signifie d’abord être clair, briller. Louer le nom du Seigneur, c’est le crier d’une voix claire, le faire briller aux yeux du monde.

Qui sont ses frères ? jusqu’à présent il était seul. Peut-on parler de frères en humanité ? Il ne s’agit plus seulement de parler d’Israël, mais il faut annoncer aux nations tout ce que Dieu a fait.

v.24-25

v.26-30

C’est une louange unanime, des fils d’Israël, de toutes les nations, et même des morts (v.30). c’est le seul texte de l’AT qui annonce une louange des morts, d’habitude les morts sont dans la poussière (Ps 30, 10).

v.31

Au-delà de la mort, la louange se perpétuera par les générations futures. La mort frappe, mais cela n’empêchera pas Dieu de continuer ses actes sauveurs. C’est une vision prophétique du règne de Dieu. Il faut garder à l’esprit le cheminement qui a été établi tout au long du texte, à travers les groupes suivants auxquels appartient le psalmiste :

  • Nos pères, ma mère, mes frères
  • La descente d’Israël
  • Les familles des nations des confins de la terre
  • Ma descendance
  • La génération qui vient
  • Le peuple qui va naître

Regarder cette chaîne c’est voir Dieu triompher en dépit des incohérences monstrueuses de l’histoire humaine.

Quelle est l’identité de celui qui parle ? la mention des humbles, la délivrance après l’humiliation, l’allusion aux familles des nations, la célébration de la royauté universelle, l’annonce de la justice à un peuple qui va naître, tout cela fait penser à un peuple humilié qui prie dans son désespoir tels les déportés en Babylonie qui rendent grâce au retour de l’exil.

Cette expérience se répète, mais dans la nuit de Pâques toutes les nations seront purifiées.

[1] Citations du Psaume 21 dans les Evangiles : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46) ; « Raillé par les gens, rejeté par le peuple » (Mt 27, 41) ; « Ils hochent la tête » (Mt 27, 39) ; « Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! » (Mt 27, 43) ; « Ne sois pas loin, l’angoisse est proche, je n’ai personne pour m’aider » (Mt 26, 37 -41) ; « Ma langue colle à mon palais » (Jn 19, 28) ; « Ils me percent les mains et les pieds » (Lc 23, 33) ; « Ils partagent entre eux mes habits » (Mt 27, 35) ; « Ils tirent au sort mon vêtement » (Jn 19, 24) ; « Ô ma force, viens à mon aide ! Préserve ma vie de l’épée » (Jn 12, 27).

Père Alexandre de Bucy

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