Homélie du 4ème dimanche de Carême le 25/03 à St Gratien

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« Frères, autrefois, vous n’étiez que ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière. » Ainsi écrit Paul aux Ephésiens. L’Apôtre, en quelques mots, résume tout de ce passage à l’être nouveau que produit, en germe, notre attachement au Christ. Son résumé est encore plus compact lorsqu’il énumère les fruits promis par ce germe : « or, la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité. » Quant à la conclusion, elle renvoie les lecteurs à leur propre initiative : « et sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur. » Donc, nous savons tout ce qu’il faut savoir, il n’y a rien d’autre à attendre et à entendre, il faut s’y mettre.

Nous en sommes au milieu de notre Carême commencé aux Cendres le 1er Mars. Deux caps nous sont traditionnellement proposés comme « objectifs » de Carême. Cette année : un partage concret, dans l’offrande organisée par le Comité Catholique contre la Faim et le Développement, et un « réveil » spirituel, pour reprendre un mot de Paul dans la 2ème lecture de ce dimanche, en direction de la « sainteté », en l’occurrence, la nôtre.

Ces deux objectifs relèvent d’une même logique qui, pourtant, peut ne pas nous paraître évidente. Comme l’aveugle de l’évangile à qui Jésus « en remet une couche » avec la boue qu’il lui applique sur les yeux avant de l’envoyer se laver, précisément, à la piscine de l’Envoyé (ce que signifie Siloé), nous avons besoin, nous aussi, d’une certaine toilette oculaire pour y voir plus clair dans ce que nous pouvons faire pour progresser en sainteté.

Sur ce point, le cas de l’aveugle-né de l’évangile lu ce dimanche ne manque pas non plus d’intérêt, car Jésus s’y prend avec lui de manière pédagogique. Bien sûr,  comme d’habitude, tout n’est pas dit dans le texte. Cependant, ce qui n’est pas dit est tout aussi intéressant que ce qui l’est effectivement. L’aveugle, par exemple, ne demande rien à Jésus. Compte tenu de sa cécité, il ne peut identifier Jésus qu’il ne voit même pas. Donc Jésus ne lui adresse pas d’abord la parole, il va droit au but, en faisant apparemment un singulier détour, avec cette salive et cette boue qu’il applique sur les yeux de l’aveugle. Car Jésus voit plus loin : il mobilise l’aveugle sur son propre cas, sur sa propre guérison : il y va, il se lave, et quand il revient, il voit. Jésus n’est pas qu’un ophtalmologue efficace, il propose une démarche et prépare une suite à cette guérison.

Plus tard, sommé de s’expliquer sur ce qui lui est arrivé, l’ancien aveugle n’hésite pas, quitte à se faire jeter par « certains pharisiens ». A la question qu’ils lui posent au sujet de son guérisseur, il  répond : « C’est un prophète ». Jésus, le sachant exclus, le cherche et lui propose une nouvelle relation qui compensera largement l’exclusion qu’il vient de subir : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » – « Je crois, Seigneur ». Croire nous pose effectivement en relation d’amour avec Jésus. Tout autant que notre offrande au CCFD, et notre désir de sainteté.

Père Damien Noël

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