Retraite dans la ville 12 et 16 mars
Introduction :
Le « Miserere » (= « prends pitié ») = psaume pénitentiel, de confiance en l’action recréatrice de Dieu
- Sa place dans la Liturgie :
- Liturgie des Heures : tous les Vendredis matin ;
- Messe : Mercredi des Cendres, Vendredi des Cendres, 1er Dimanche de carême, Mercredi suivant (= début du carême)
- Contexte biblique : le péché du Roi David en 2S 12
L’infini miséricorde de Dieu, c’est ce qu’a fini par découvrir le Roi David après qu’il a fait tuer l’officier Urias afin d’épouser Bethsabée (femme d’Urias) qui attendait un enfant de lui.
David avait enfreint par deux fois la loi reçue de Moïse : « Tu ne commettras pas de meurtre » « Tu ne commettras pas d’adultère » (Dt 5, 17-18), mais la gravité de ses actes ne semblait pas peser sur sa conscience.
C’est le prophète Nathan qui va l’aider, peu à peu, à s’en rendre compte et à relire sa propre histoire à l’aide d’une parabole : « C’est homme, c’est toi » obtenant ainsi son aveu « J’ai péché contre le Seigneur ! » (2 Samuel 12, 13).
A cette occasion, il écrit le Psaume 50. Cf. vv.1-2 du Ps 50 : « Psaume de David. Lorsque Nathan le prophète vint le trouver après qu’il fut allé vers Bethsabée. »
Ce lent mûrissement lui a fait découvrir que, ce qu’avait annoncé Nathan, au moment de la confession, n’était pas un vain mot : « Le Seigneur a passé sur ton péché, tu ne mourras pas ». (2 Samuel 12-13).
La confiance en la miséricorde de Dieu
Regard tourné d’emblée vers Dieu, pas sur soi !!!
On invoque Dieu avec les trois grands mots bibliques (AT) qui disent son Amour :
- « Prendre pitié »= faire grâce (bonté foncière de Dieu, source de grâce ; initiative divine, en raison de son être)
- « Amour » = bienveillance de Dieu, source de multiples bénédictions ; cherche une réciprocité, une Alliance (= il désire que l’homme réponde !)
- « Miséricorde » = les entrailles touchées, la compassion de Dieu ; il pardonne au-delà de ce qui est attendu…
Cf. Ex 34 = le nom de Dieu = « Il passa devant Moïse et proclama : « LE SEIGNEUR, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité… »
Une indication importante pour nous (dans notre Confession) : le regard tourné d’abord vers la bonté de Dieu !!!
Cf. « confessio laudis » (confession de l’amour de Dieu) = en premier, avant la confession du péché !!!
Seul un regard tourné vers la miséricorde divine (et l’espérance d’un pardon réel) permet d’affronter les zones d’ombre qui, sinon, emprisonnent et désespèrent !
Sinon, le mal est comme un marais dans lequel on s’enfonce…
Le péché enferme, mais l’Amour de Dieu libère : « effacer », « laver », « purifier », « enlever » = action de libération et de salut (« arracher, retirer de force »).
Seul Dieu peut arracher au pouvoir du mal, qui est plus fort que l’homme. Dieu est le seul recours possible.
Le repentir et l’aveu du péché
Parce que Dieu l’a regardé, et qu’il a trouvé « grâce dans les yeux de Dieu », il est capable de regarder son péché.
= être en vérité devant Dieu !
vv.4-6 (très fort, mais en deuxième seulement) : « Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. Contre toi, et toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait. »
Le repentir = le mouvement sincère de retour à Dieu (« être en vérité »).
L’aveu : dire le mal pour en être libéré. Nommer pour être délivré : « ma faute, mon offense ». Quand le mal est découvert, c’est déjà le bien qui est annoncé !
Quelques remarques pour la Confession :
- Le péché est constitutivement de nature relationnelle (« contre toi et toi seul… »)
- Ici, pas une recherche des sources cachées de ma faute, mais un appel à la guérison (pas une auto-analyse, ni une thérapie). La « faute » est évoquée sans s’y attarder. Exemple : au-delà de la faute en elle-même, « ce qui me met vraiment mal à l’aise et que je voudrais voir disparaître »
Progression encore :
v.7 : « Moi, je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère. » = une prise de conscience plus globale du besoin fondamentale de la « grâce » de Dieu pour exister et faire le bien !
v.8 : « Mais tu veux au fond de moi la vérité. » = retour à Dieu (qui veut la vérité : cf. « je désire que le pécheur se convertisse et qu’il vive » !!)
Dernier point : miséricorde et « sacrifice » (fin du Psaume, v.18 : « Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas, tu n’acceptes pas d’holocauste. »)
La confession de la faute attire encore plus la miséricorde divine (Dieu ne peut pas ne pas agir !) Cette miséricorde est une puissance de libération, de purification et de guérison.
= le sacrifice de l’homme ne suffit pas pour effacer les fautes (impossible de revenir en arrière, d’effacer le mal) : il faut une force divine. Cf. Os 6,6 : « C’est la miséricorde (celle de Dieu, qui recrée l’homme) que je désire, et non le sacrifice (celui de l’homme, qui n’aboutira pas). »
Le nouvel élan du pécheur pardonné
v.14 : « Rends-moi la joie d’être sauvé » !
La question après la faute : comment redonner naissance au bien ?
« La mémoire transfigurée » : pas vraiment la disparition totale du passé, l’effacement de la mémoire (v.3 : « efface mon péché ») ; mais une transformation de la mémoire : cette faute n’enferme pas : « tu vaux plus que cela ; tu es capable de faire le bien » (v.12 : « Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.)
= une transformation intérieure de l’homme. Etre restauré comme enfant de Dieu baptisé (« oint » comme le Roi David), rétabli dans une relation juste.
La puissance de Dieu = plus que le seul pardon des péchés = faire que le pécheur fasse de nouveau le bien (il pourra le faire en étant associé à la miséricorde de Dieu = c’est le sommet de l’Alliance !)
Parfois, le souvenir d’une faute passée peut demeurer, sans enfermer, mais comme occasion de rendre grâce ; souvenir de la fragilité (humilité) ; et occasion d’être soi-même vecteur de bonté !
Cf. v.19 : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé. » = humilité
Ce nouvel élan se manifeste dans :
- La louange de Dieu (v.10 : « Fais que j’entende les chants et la fête. » + v.17 : « Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. »)
- Le service des frères (v.15 : « Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés. »)
= « avec ton pardon, Seigneur, je suis capable du bien ». Les deux sont liés : pour pouvoir dire « j’ai mal fait », il faut pouvoir entendre : « ici j’ai bien fait ; et par ta grâce, je peux encore bien faire » !
// « Heureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière ! »
Conclusion
Dieu lui-même nous donne les mots pour l’invoquer (le Psaume est une parole biblique, parole inspirée) : il nous prête les mots pour invoquer sa miséricorde, lui demander pardon (être en vérité), lui demander la grâce de repartir de l’avant avec le cœur purifié !
Père Edouard George